Sara est enseignante au primaire de formation. Le 25 mai 2009, à l’âge de 28 ans, elle a reçu un diagnostic de sclérose en plaques. Sa fille n’avait alors que deux ans. L’univers de Sara a été bouleversé, et elle a dû adapter ses projets. En raison des périodes de fatigue intense et des difficultés motrices qu’elle éprouvait, elle a dû mettre un terme à sa carrière, à l’âge de 35 ans. Cette étape fut extrêmement difficile pour Sara, qui aimait beaucoup son environnement de travail et les collègues qu’elle côtoyait au quotidien. Quitter son emploi signifiait perdre le réseau qu’elle avait créé dans son milieu de travail et tout le plaisir qu’elle avait avec les enfants. Cet événement a fait prendre conscience à Sara que personne n’est à l’abri de la maladie, malheureusement. Lorsque tout va bien, on ne pense pas que notre chemin peut bifurquer, mais c’est une réalité qui peut nous frapper à tout moment.
Au cours des deux années qui suivirent l’annonce du diagnostic, Sara a obtenu du soutien auprès du groupe d’entraide de Matane offert par le bureau de la Société canadienne de la sclérose en plaques de Rimouski. Cela lui a permis de discuter avec d’autres personnes atteintes de SP et d’accéder à des ressources intéressantes, qui l’ont aidée à apprivoiser la maladie. Elle a également trouvé de l’aide psychologique et s’est entourée de sa famille ainsi que de ses précieux amis. Elle s’est également assurée de garder le contact, par l’entremise des réseaux sociaux, avec d’anciens collègues et a créé des liens avec des personnes atteintes de SP qu’elle a rencontrées au cours des mois qui ont suivi le diagnostic. Elle souligne que ce qui a le plus facilité son quotidien a été d’utiliser toutes les ressources disponibles. Prendre le temps de bien s’entourer lui a aussi permis de passer à travers les moments les plus ardus. Encore aujourd’hui, le soutien de son entourage l’aide à cheminer au quotidien.
Après avoir traversé cette période difficile, Sara a commencé à s’intéresser à la photographie. Ça a été le déclic! Cette activité lui permet de s’évader et de s’accomplir d’une autre façon. C’est devenu une vraie thérapie pour Sara, et sa passion n’arrête plus de grandir depuis. Au début, elle photographiait des paysages de sa région ou des fleurs, qu’elle apprécie tant. Par la suite, elle a tourné son objectif vers les oiseaux et les animaux. Sara pratique également son art lors d’activités familiales et de moments qu’elle passe en solitaire. Elle a aussi pris nombre de photos de sa fille en pleine action durant les six années où celle-ci a pratiqué le patinage de vitesse. Sara éprouve du plaisir à parfaire ses aptitudes et à développer sa page Facebook, intitulée « Ma plume et mon regard », où elle diffuse ses clichés, discute de la SP et utilise sa passion pour l’écriture pour mettre des mots sur ses images.
Il importe à Sara de mettre en lumière l’aide et le soutien que lui offrent des personnes de son entourage, comme son amoureux et sa fille, qui l’appuient au quotidien. En effet, l’attention porte souvent sur les personnes atteintes de SP, et il arrive qu’on oublie de mettre en avant ceux qui facilitent la prise en charge de cette maladie complexe et difficile à vivre.
Aujourd’hui, Sara a mis en place son tout premier défi pour stopper la SP. En effet, elle compte gravir le mont Ernest Laforce dans le parc national de la Gaspésie et amasser 5 000 $ pour la cause. Elle est convaincue que la photographie l’aidera dans son désir d’atteindre son objectif. Plus que jamais, elle est persuadée que rien n’arrive pour rien dans la vie! Par le passé, la randonnée était une activité qu’elle faisait avec son conjoint. Ils célébreront donc leurs 20 ans de vie commune au sommet du mont l’automne prochain. Comme Sara éprouve des difficultés avec sa jambe droite, ce défi en sera tout un pour elle! Pour parvenir au sommet, Sara a décidé de commencer un entraînement personnalisé avec une kinésiologue et de se rendre avec sa fille à la piscine. Elle aimerait que cette dernière et son entourage l’accompagnent lors de son exploit.
Pour Sara, l’acceptation de la SP passe par le fait de vivre pleinement le moment présent. Comme cette maladie est imprévisible, Sara a arrêté de vouloir voir trop loin dans le temps. Selon elle, il faut accepter que certaines journées soient plus difficiles que d’autres et s’adapter. Elle met donc son énergie dans l’accomplissement de ses activités quotidiennes tout en gardant une attitude positive par rapport aux projets qu’elle souhaite réaliser, tant créatifs que personnels. La résilience est centrale dans le processus qu’elle a entamé pour apprendre à vivre avec la SP.
Cela fait maintenant neuf ans que Sara a appris qu’elle avait la SP. Elle constate qu’elle est aujourd’hui une tout autre personne. Elle s’efforce de faire connaître davantage la SP et se surprend elle-même à donner des entrevues à la radio pour faire la promotion de son défi. Elle ne se serait jamais crue capable de parler de sa situation de façon aussi naturelle il y a neuf ans. Elle affiche beaucoup plus d’assurance qu’auparavant tout en gardant les deux pieds bien ancrés sur terre.