« Ce n’est pas facile d’avoir besoin de soins en établissement quand on est jeune. »
Nicole Nadeau-Fréchette est travailleuse sociale dans un établissement de soins de longue durée de Winnipeg, au Manitoba. Toute sa carrière, elle a œuvré dans une unité de soins qui accueille des personnes de moins de 65 ans aux besoins complexes, dont beaucoup vivent avec la SP.
« Les résidents d’une unité réservée aux personnes moins âgées forment une communauté. Beaucoup vivent des réalités similaires en raison des effets d’une maladie chronique ou d’un handicap sur leur vie. Leur expérience commune leur permet de s’entraider et de se comprendre comme nuls autres. »
La pandémie de COVID-19 fait vivre de l’isolement social aux Canadiens, une réalité qui perdurera cependant dans les établissements de soins de longue durée une fois les mesures de confinement levées. En fait, la pandémie est venue exacerber l’isolement qui accable les populations vulnérables, comme celle de ces établissements.
« Nous ne pouvons pas recevoir de visiteurs ni aller à l’extérieur. Certains de nos résidents font eux-mêmes leurs courses et comblent bon nombre de leurs besoins, ce qui leur permet de demeurer autonomes. Or, ils ont dû cesser ces activités et dépendent ainsi encore plus des autres. C’est frustrant pour eux. »
Les effets sur la santé mentale de la réduction des interactions sociales déjà limitées sont préoccupants.
« Nous devons offrir du soutien émotionnel à nos résidents, car la pandémie est source de peur, d’anxiété, de douleur et même de colère. Puisque nous devons garder nos distances, les activités et les repas de groupe, qui sont sources de plaisir et de contacts sociaux, ont été annulés. Beaucoup d’établissements de soins accordent beaucoup d’importance à la création d’un milieu accueillant où les résidents se sentent à la maison. Certaines des personnes qui vivent ici ont peu de soutien de la part de leur entourage. Nous sommes leur unique famille. Le port d’équipement de protection individuelle, comme des masques et des visières, est essentiel, mais il crée une distance et rappelle sans cesse aux résidents qu’ils vivent en établissement. »
Malgré les restrictions, Nicole et ses collègues mettent tout en œuvre pour maintenir le plus possible les liens sociaux des résidents. Ils organisent des appels vidéo avec la famille et les amis, ainsi que des visites à travers la fenêtre. Nicole a communiqué avec des membres de la famille des résidents, confinés à la maison et inquiets pour leurs proches, pour leur offrir du soutien et les rassurer.
Alors que certaines provinces commencent à lever les mesures de confinement, gardons à l’esprit que l’isolement dont souffrent les résidents des établissements de soins de longue durée ne disparaîtra pas. À l’instar de Nicole et de ses collègues de partout au Canada, qui interviennent de façon concrète pour briser l’isolement social, nous pouvons agir. Même si le Mois de la sensibilisation à la sclérose en plaques tire à sa fin, continuons de réduire l’isolement des personnes touchées par cette maladie invalidante qu’est la SP.