Du 13 au 15 octobre, le 37e congrès du comité européen pour le traitement et la recherche dans le domaine de la SP (ECTRIMS – European Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis) a permis aux participants d’en savoir plus sur les dernières nouvelles au chapitre de la recherche sur la SP dans le cadre d’une expérience entièrement virtuelle. Ayant réuni plus de 9 000 personnes réparties dans 100 pays, ce congrès proposait un programme scientifique (en anglais seulement) très diversifié, auquel figuraient des sujets en lien avec les aspects cliniques de la SP, la pathogenèse et les biomarqueurs de cette maladie et les traitements en voie d’être mis au point contre celle-ci. Vous trouverez ci-dessous certains des faits saillants en lien avec les travaux novateurs présentés par des cliniciens et des chercheurs à l’occasion de ce congrès virtuel.
SP progressive
Le Dr Alan Thompson (Collège universitaire de Londres) s’est vu remettre en 2021 le prestigieux prix Charcot, lequel souligne l’ensemble des réalisations au chapitre de la recherche axée sur la compréhension et le traitement de la SP. Durant ses 40 ans de carrière, le Dr Thompson a mené des travaux qui ont eu un impact considérable sur de nombreux champs d’études liés à la recherche sur la SP et aux soins destinés aux personnes atteintes de cette maladie, en plus de contribuer grandement à l’amélioration de la qualité de vie de ces gens, notamment les personnes qui présentent une forme progressive de SP. Dans la vidéo proposée ci-dessous, le Dr Thompson livre, à titre de lauréat du prix Charcot, une allocution dans laquelle il expose son point de vue relativement aux progrès de la recherche consacrée à la SP progressive.
M. Hardeep Kataria, Ph. D. (Université du Manitoba), a présenté de nouvelles données sur les mécanismes suivant lesquels la neuréguline-1 – à savoir une protéine qui joue un rôle crucial dans le maintien des cellules neurales et de la myéline au sein du système nerveux central – peut favoriser la réparation de la myéline endommagée et la préservation des axones en cas de SP progressive. À l’occasion de travaux de recherche menés précédemment, Mme Soheila Karimi et ses collaborateurs avaient relevé des taux réduits de cette protéine dans les tissus démyélinisés de souris atteintes d’une maladie semblable à la SP (soit l’encéphalomyélite auto-immune expérimentale ou EAE). Fait intéressant, en ayant recours à la neuréguline-1 comme agent thérapeutique, les chercheurs avaient pu retarder l’apparition de l’EAE chez des souris, en plus de freiner la progression de cette maladie ainsi que l’atteinte neurologique associée à celle-ci. La nouvelle étude dont il est ici question a permis de démontrer que la neuréguline-1 favorise la remyélinisation en modulant certains processus auxquels participent les cellules de la microglie et les macrophages au sein des tissus démyélinisés (soit l’activité phagocytaire et le métabolisme des lipides), créant ainsi un environnement propice à la différentiation et à la maturation des oligodendrocytes, de même qu’à la remyélinisation. D’autres travaux devront être menés pour qu’on puisse évaluer les effets de la neuréguline-1 chez l’humain et déterminer, selon les résultats obtenus, si cette protéine pourrait constituer un agent thérapeutique favorisant la remyélinisation en cas de SP.
Traitements contre la SP en voie d’élaboration
Dans le cadre d’une présentation par affiches, le Dr Patrick Vermersch (Université de Lille) a fait part de nouvelles données issues de l’essai clinique de phase III EXPAND (en anglais seulement), consacré aux effets du siponimod (Mayzent) sur la neurodégénérescence dans le contexte de la SP progressive secondaire (SPPS). Le siponimod est un modulateur des récepteurs de la sphingosine-1-phosphate utilisé pour le traitement de la SPPS en cas d’activité de la maladie révélée par des poussées ou la présence de signes caractéristiques sur les clichés d’imagerie. Dans le cadre de l’essai en question, les chercheurs ont constaté que chez les personnes traitées par le siponimod, l’épaisseur de la couche des fibres nerveuses rétiniennes était préservée (l’atteinte de cette couche constituant un marqueur de dégénérescence), comparativement au groupe placebo après 12 mois de traitement (changement par rapport aux données de départ : 0,66 et – 1,86, respectivement). Bien qu’il s’agisse d’une sous-étude menée auprès d’un nombre de personnes relativement limité (104 participants traités par le siponimod et 55 participants ayant reçu le placebo), les résultats sont en corrélation avec les effets bénéfiques du siponimod déjà constatés relativement à d’autres mesures de la neurodégénérescence (p. ex. atrophie de la matière grise). Le siponimod a été approuvé au Canada pour le traitement de la SPPS en phase active, mais l’apport de nouvelles données comme celles qu’a présentées le Dr Vermersch pourrait faire en sorte que ce médicament soit également indiqué pour le traitement de la SPPS non active.
Le Dr Lawrence Steinman (Université de Standford) a présenté des résultats supplémentaires issus de deux essais de phase III identiques, à savoir les études ULTIMATE 1 et ULTIMATE 2 (en anglais seulement), qui consistaient à comparer l’efficacité et l’innocuité de l’ublituximab à celles du tériflunomide (Aubagio) chez des personnes atteintes de SP cyclique. L’ublituximab est un anticorps monoclonal anti-CD20 qui prend pour cible les lymphocytes B potentiellement nocifs présents dans la circulation sanguine et au sein du système nerveux central et qui provoque la destruction de ces cellules. Le Dr Steinman a rapporté que, chez des personnes atteintes de SP cyclique traitées sur une période de 96 semaines, l’ublituximab a satisfait au paramètre d’évaluation principal dans le cadre des essais ULTIMATE 1 et 2, qu’il a réduit de façon significative le taux annualisé de poussées (baisse variant de 49 à 59 %), en plus d’avoir une incidence sur divers paramètres évalués par IRM (réduction de 96 % du nombre de lésions rehaussées par le gadolinium en T1 et diminution de 90 % du nombre de nouvelles lésions et de lésions ayant augmenté de volume en T2) comparativement au tériflunomide. De plus, les résultats de ces essais indiquent que l’ublituximab a été bien toléré par les participants, aucun effet indésirable grave n’ayant été signalé. Les auteurs de ces études devraient publier d’autres données, lesquelles porteront sur les effets de l’ublituximab relativement à l’atteinte cognitive et à l’atrophie cérébrale. Les résultats prometteurs quant à l’efficacité et à l’innocuité de l’ublituximab démontrent que celui-ci pourrait constituer le premier anticorps monoclonal anti-CD20 pouvant être administré aux personnes atteintes de SP cyclique dans le cadre de séances de perfusion de courte durée (soit une heure au lieu de trois heures, comme c’est actuellement le cas).
Recours aux biocapteurs dans le contexte de la SP
Comment pouvons-nous tirer parti de la technologie moderne afin de mieux répondre aux besoins non comblés en matière de soins cliniques axés sur la SP? Des chercheurs ont discuté de la possibilité de recourir à des biocapteurs numériques pour faciliter la réalisation des examens neurologiques classiques, mesurer des déficiences fonctionnelles et faire des prédictions quant à la progression de la SP. Un biocapteur est un dispositif numérique qui convertit un événement physique ou biologique (p. ex. démarche, nombre total de pas, durée de chaque pas) en un signal mesurable. Les accéléromètres et les moniteurs de la fréquence cardiaque figurent parmi les biocapteurs courants intégrés dans les téléphones intelligents et d’autres appareils portatifs commercialisés (p. ex. instruments technologiques de suivi de la forme physique ou montres intelligentes). Toutefois, la pertinence du recours à ce type de dispositifs dans le contexte de la SP n’a pas encore été établie et fait l’objet d’études.
La Dre Tanuja Chitnis (Université Harvard) a présenté les résultats de travaux qu’elle a menés récemment auprès de personnes atteintes de SP relativement à l’utilisation d’un capteur portable, présenté sous la forme d’une montre et commercialisé par l’entreprise Verily. Les résultats de ces travaux ont montré que les relevés réalisés à domicile à l’aide du biocapteur présentaient une corrélation significative avec les mesures cliniques des incapacités, ce qui donne à penser qu’un tel dispositif pourrait 1) faciliter la saisie d’information sur les symptômes de SP et les capacités fonctionnelles en contexte réel (c’est-à-dire en dehors du cadre des examens cliniques), 2) aider les médecins à effectuer le suivi de leurs patients entre chaque visite à la clinique, et 3) renforcer la fiabilité des prédictions quant à certains effets de la maladie.
COVID-19 et SP
Un groupe international d’experts s’est penché sur les principaux enseignements à tirer de la pandémie mondiale en cours. Selon Mme Maria Pia Sormani, Ph. D. (Université de Gênes), l’analyse de données issues de registres consacrés à la COVID-19 chez les personnes atteintes de SP démontre que le risque d’infection grave causée par le virus de la COVID-19 est en corrélation avec le recours aux médicaments qui ciblent les lymphocytes B exprimant la protéine CD20, tels l’ocrélizumab et le rituximab. En fait, le risque de complications graves liées à la COVID-19 s’est avéré accru en cas de traitement prolongé par ces médicaments. De plus, les traitements à base d’interféron pourraient avoir un effet protecteur contre la COVID-19 et ont été associés à un risque moindre de complications graves en cas d’infection par le virus de cette maladie.
Le Dr Renaud Du Pasquier (Université de Lausanne) a présenté de façon condensée des données récentes sur les complications neurologiques associées à la COVID-19. Il a précisé que peu de données tendent à indiquer que le virus SRAS-CoV-2, qui cause la COVID-19, pourrait pénétrer physiquement dans le système nerveux central et avoir des effets neurologiques. Les données dont on dispose actuellement laissent plutôt supposer que le SRAS-CoV-2 déclencherait probablement un dérèglement de la réponse immunitaire qui compromettrait la fonction de la barrière hémato-encéphalique chez les personnes ayant contracté la COVID-19.
Pour accéder à des ressources en lien avec la COVID-19 chez les personnes atteintes de SP, veuillez vous reporter à la page d’information que la Société canadienne de la SP a consacrée à la COVID-19.
Dans le présent document ne sont traitées que quelques-unes des dernières avancées de la recherche sur la SP qui ont été abordées lors du congrès 2021 de l’ECTRIMS. Pour consulter en ligne le programme complet de ce rassemblement virtuel et les résumés des présentations qui ont été données à cette occasion, veuillez cliquer ici (en anglais seulement).
Si vous avez des questions, les agents info-SP peuvent vous renseigner sur tous les aspects de la vie avec la SP. Ils peuvent peuvent vous aider à trouver de l’information et du soutien adaptés à votre situation. Communiquez avec eux dès maintenant : https://bit.ly/3EwnLYB