Les conférences MS Connect virtuelles réunissent la collectivité de la SP et d’éminents chercheurs canadiens

Chaque année, les conférences MS Connect permettent aux personnes touchées par la sclérose en plaques (SP) d’interagir avec des cliniciens et des chercheurs canadiens renommés afin de se tenir au fait des plus récentes nouvelles au chapitre de la recherche sur cette maladie. Ainsi, cette année, la Société canadienne de la SP a organisé six journées de conférences virtuelles, du 23 au 28 novembre, qui portaient entre autres sur la neuroréadaptation, la cognition, la nutrition et la fatigue. Vous trouverez ci-dessous un résumé des points essentiels abordés lors de certaines présentations faites à l’occasion des conférences MS Connect 2020. Vous pourrez également visionner en ligne les enregistrements de chaque séance si vous n’avez pas pu assister aux présentations en direct.

Perspectives de recherche actuelles dans le domaine de la SP

Le Dr Jack Antel, neurologue clinicien et invité principal des conférences MS Connect, a ouvert l’événement en présentant les grandes découvertes qui ont fait progresser nos connaissances sur la SP jusqu’ici, notamment les facteurs génétiques et environnementaux qui influent sur la prédisposition à la SP, les mécanismes biologiques sous-jacents à l’apparition et à l’évolution de la SP, les stratégies de surveillance de la SP, et les traitements actuels contre les formes cycliques de cette maladie.

Aujourd’hui, nous nous efforçons de percer les mystères de la SP progressive – une mission qui s’annonce difficile. Selon le Dr Antel, pour repousser la prochaine frontière de la recherche sur la SP, il nous faut découvrir les biomarqueurs de la SP progressive et comprendre les facteurs à l’origine de la progression de cette maladie. Les nouveaux traitements en voie d’être mis au point contre la SP auront pour but la préservation (neuroprotection) et la réparation (réparation tissulaire/remyélinisation) des fibres nerveuses. Ces deux grands axes de la recherche sur la SP progressive sont explorés activement à l’échelle internationale, et les chercheurs canadiens jouent un rôle crucial en la matière.

Neuroréadaptation

On croit que la remyélinisation (processus de réparation de la myéline, soit la gaine protectrice qui enveloppe les cellules nerveuses) est essentielle au rétablissement des capacités fonctionnelles et au ralentissement de la progression des incapacités associée à la SP. M. Wee Yong, Ph. D., de l’Université de Calgary, a précisé que des facteurs liés au mode de vie, plus particulièrement l’exercice, sont susceptibles d’améliorer la remyélinisation et de favoriser la réparation du cerveau. L’équipe de recherche de M. Yong a démontré que l’exercice avait effectivement entraîné une remyélinisation chez des modèles animaux de SP, et elle se propose maintenant de jumeler l’exercice à d’autres stratégies de réparation afin d’optimiser les effets bénéfiques de ces interventions. Selon M. Yong, on recommande aux personnes atteintes de SP de faire au moins 150 minutes d’exercice physique par semaine, mais il reste à savoir combien de minutes d’exercice il faut faire pour accroître la réparation du cerveau.  

Les travaux de recherche de Mme Michelle Ploughman, Ph. D., de l’Université Memorial de Terre-Neuve-et-Labrador, consistent à déterminer si un programme d’exercice intensif (activité physique intense pendant au moins 30 minutes sans interruption, de 3 à 5 fois par semaine) pourrait compter parmi les interventions modificatrices de l’évolution de la SP susceptibles de retarder l’aggravation de cette maladie en favorisant la neuroplasticité et la réparation du cerveau. Par ses travaux, la chercheuse espère être en mesure d’aider les personnes atteintes de SP à recouvrer les capacités fonctionnelles qu’elles ont perdues. Mme Ploughman a expliqué qu’un programme d’exercice intensif peut significativement améliorer la capacité à marcher et atténuer la fatigue de ces gens, mais que les bienfaits d’une telle intervention sur le cerveau sont de courte durée. En fait, les personnes qui ont la SP ont tendance à perdre les bienfaits neurologiques procurés par l’exercice lorsqu’elles cessent de s’entraîner; elles doivent donc persévérer dans leur programme d’exercice intensif. Mme Ploughman poursuit ses travaux de recherche sur l’exercice et la neuroplasticité chez les personnes qui vivent avec la SP (cliquez ici pour prendre connaissance des travaux de cette chercheuse qui sont subventionnés par la Société de la SP). En outre, dans le cadre de collaborations avec d’autres chercheurs canadiens, elle prévoit 1) évaluer un dispositif approuvé par Santé Canada, appelé PoNS, qui pourrait permettre aux personnes aux prises avec la SP d’améliorer leur aptitude à la marche et leur équilibre (collaboration avec Mme Sarah Donkers, Ph. D.), et 2) analyser comment la condition physique peut influer sur la biologie du système immunitaire et contribuer à la prévention de la progression de la SP (collaboration avec M. Craig Moore, Ph. D.).

Cognition

Les troubles cognitifs (altération de la vitesse de traitement de l’information, troubles de la mémoire et détérioration des fonctions exécutives) sont courants chez les personnes qui ont la SP et ils peuvent avoir des répercussions considérables sur les activités élémentaires de la vie quotidienne. Les taux d’atteinte cognitive varient de 40 % (chez les personnes atteintes de SP cyclique) à 80, voire 90 % (chez les personnes présentant une forme progressive de SP). Selon le Dr Anthony Feinstein de l’Université de Toronto et du Centre des sciences de la santé Sunnybrook, la consommation de cannabis, plus précisément de tétrahydrocannabinol (THC; l’un des principaux constituants chimiques du cannabis), a des effets négatifs sur les fonctions cognitives des personnes atteintes de SP, puisqu’elle réduit l’activité de diverses régions du cerveau. Ces effets négatifs sont réversibles en cas d’abstinence (cliquez ici pour consulter notre article sur la question dans la section Nouvelles récentes sur la recherche en SP). Il est intéressant de noter que le cannabidiol (CBD), soit l’autre principal constituant chimique du cannabis, est plus sûr que le THC et qu’il n’entraîne pas les mêmes déficits cognitifs.

Par ailleurs, le Dr Feinstein a précisé que la réadaptation cognitive se révèle plus efficace qu’un traitement médicamenteux pour l’atténuation des troubles cognitifs. De plus, des données probantes préliminaires indiquent que l’exercice peut contribuer à l’amélioration des fonctions cognitives des personnes atteintes de SP; cela dit, il faudra reproduire ces résultats avant de pouvoir tirer des conclusions en la matière. Le Dr Feinstein mène actuellement un essai clinique (étude CogEx), avec l’aide d’une équipe de recherche internationale, en vue d’évaluer si la réadaptation cognitive, les exercices aérobiques, ou une association de ces deux interventions, peuvent améliorer les fonctions cognitives des personnes aux prises avec une forme de SP progressive.

Nutrition

La Dre Catherine Larochelle, du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), a expliqué sommairement que le régime alimentaire et le type d’aliments que l’on consomme influent sur le risque de SP en agissant sur l’activité des cellules immunitaires et sur la composition du microbiote. Des facteurs de risque de SP, comme l’obésité et les maladies concomitantes cardiovasculaires, sont eux aussi liés à l’alimentation. La Dre Larochelle a également décrit le phénomène de l’inflammation liée à l’âge (inflammaging, en anglais) associé à la SP : les cellules immunitaires vieillissent plus rapidement chez les personnes atteintes de SP que chez celles qui n’ont pas cette maladie. Ses travaux de recherche ont permis de démontrer que la réduction de l’apport alimentaire en méthionine, à savoir un acide aminé fourni par la viande, le poisson et les produits laitiers, entre autres, procure des bienfaits semblables à ceux de la réduction de l’apport calorique chez les souris, notamment une prolongation de l’espérance de vie (ralentissement du vieillissement) et une réduction de l’inflammation. Ils ont également révélé que les lymphocytes T pro-inflammatoires activés consomment de grandes quantités de méthionine et qu’ils sont associés à la neuro-inflammation chez un modèle murin (souris) de SP (cliquez ici pour consulter notre article sur la question dans la section Nouvelles récentes sur la recherche en SP). Ces observations indiquent que la modification du type de nutriments qu’on consomme, comme la méthionine, pourrait permettre de moduler l’activité des cellules immunitaires et d’atténuer l’inflammation. Certes, cette stratégie de réduction de l’apport alimentaire de nutriments peut être difficile à appliquer et pourrait aboutir à une malnutrition ou à d’autres carences, mais la Dre Larochelle précise que de telles observations pourraient servir de base à la mise au point d’un traitement à l’intention des personnes qui vivent avec la SP. Il s’agit en fait d’un axe de recherche en pleine évolution, et il importe que l’on continue à étudier les relations qui existent entre l’alimentation et la SP afin de mieux les comprendre.

Fatigue

Mme Marcia Finlayson, Ph. D., de l’Université Queen’s, a présenté plusieurs stratégies permettant la prise en charge efficace de la fatigue liée à la SP. Elle a rappelé que la fatigue est un symptôme complexe aux multiples facettes, qui doit par conséquent faire l’objet d’une démarche thérapeutique progressive faisant appel à plusieurs types d’intervention. Les trois principales stratégies de prise en charge de la fatigue liée à la SP sont : i) l’autoprise en charge, qui repose sur l’information, les séances de consultation et l’acquisition de compétences, ii) le traitement médicamenteux, et iii) l’exercice. Un certain nombre d’essais cliniques portent actuellement sur l’efficacité du recours à un régime alimentaire particulier, à l’hypnose et à la stimulation cérébrale directe pour l’atténuation de la fatigue liée à la SP. Mme Finlayson a précisé qu’il est essentiel de déterminer les types d’interventions et/ou la séquence d’interventions qui seront les plus efficaces chez chaque sous-groupe de personnes atteintes de SP, la fréquence et la durée de chaque intervention, ainsi que les méthodes d’intervention optimales (en personne, ou à distance grâce à des outils technologiques). Il ne s’agit là que de quelques-unes des nouveautés intéressantes qui ont été présentées à l’occasion des conférences MS Connect 2020 virtuelles. Cliquez ici pour naviguer d’une séance à l’autre et explorer notamment les présentations virtuelles par vidéo de stagiaires de recherche des quatre coins du pays qui consacrent leurs travaux à la SP.

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