Les subventions annoncées au congrès de l’ECTRIMS par l’Alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive marquent une étape majeure dans la recherche sur la SP progressive

Comme le temps passe! Il y a un peu plus d’un an, la Société de la SP annonçait les noms des lauréats des subventions de planification de l’Alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive. Nous franchissions alors le premier pas vers une démarche mondiale sans précédent visant l’établissement d’une collaboration entre les chercheurs et les scientifiques du monde entier, issus de tous les domaines, qui disposent des ressources nécessaires pour accélérer l’élaboration de traitements contre la SP progressive. Les onze lauréats de subventions de planification ont tous proposé des études de grande envergure destinées à fournir des réponses aux questions scientifiques les plus complexes sur la SP progressive et à permettre de surmonter les difficultés liées au traitement des personnes touchées par une forme progressive de SP. Leurs propositions de recherche ont été soumises à un deuxième examen, à la suite duquel trois projets allaient être sélectionnés et financés à hauteur de 4,2 millions d’euros (ou 6 millions de dollars).

Dernièrement, lors d’une conférence de presse de l’ACTRIMS, l’Alliance a annoncé les noms des lauréats de ces subventions de recherche collaborative de 4,2 millions d’euros. Les trois réseaux de recherche multinationaux titulaires d’une subvention tenteront de relever des défis cruciaux posés par la SP progressive, à savoir l’élaboration de traitements efficaces contre cette forme de SP, la recherche sur de nouveaux biomarqueurs qui permettront de mesurer la progression de la maladie et la réponse aux traitements, et la conception d’essais cliniques de faible envergure pouvant être effectués rapidement, et ce, dans le but de hâter la mise au point de nouveaux traitements pour les personnes qui vivent avec la SP.

Je suis ravie  de voir qu’un chercheur du Canada figure parmi les lauréats de ces subventions. Il s’agit du Dr Douglas Arnold, de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, Université McGill. En outre, plusieurs autres chercheurs du Canada font partie des collaborateurs aux trois projets, dont le Dr Jack Antel, de l’Université McGill, et le Dr Alexandre Prat, de l’Université de Montréal.

Voici une description des projets subventionnés.

Titre du projet : Utilisation d’un biomarqueur d’IRM pour évaluer l’évolution de l’incapacité au cours des essais cliniques

L’une des entraves à l’élaboration de traitements contre la SP progressive réside dans le fait que les chercheurs ne savent toujours pas comment évaluer la réponse des participants à un traitement donné, dans le cadre des essais cliniques. Il est donc particulièrement important de mettre au jour un bon indicateur d’efficacité d’un traitement pour les essais de phase II, au cours desquels les chercheurs tentent de déterminer si le médicament produit quelque effet que ce soit. Les indicateurs peuvent comprendre des mesures cliniques (degré de variation de l’intensité des symptômes), des marqueurs d’imagerie et des marqueurs biologiques présents dans l’organisme.

Le Dr Doug Arnold, reconnu comme une sommité mondiale dans le domaine des techniques d’imagerie avancées de la SP, s’est entouré d’une équipe interdisciplinaire vouée à la production de la prochaine génération de marqueurs d’IRM de la progression de la SP, pouvant être utilisés dans les essais cliniques de premier stade. Il arrive que les changements cliniques dans les incapacités des personnes touchées par une forme progressive de SP prennent du temps à se manifester ou soient difficiles à déceler, et ces changements subtils ne reflètent pas nécessairement ce qui se passe dans le cerveau.

À l’aide d’outils informatiques de pointe, du « deep learning » (technologie utilisée dans le domaine de la reconnaissance faciale, entre autres) et d’une banque volumineuse de clichés d’IRM (contenant des données provenant de 2 000 patients et plus de 40 000 clichés d’IRM), le Dr Arnold scrutera le cerveau de personnes qui vivent avec une forme progressive de SP afin de déceler des caractéristiques qui :

  1. changent dans un court laps de temps et qui peuvent ainsi être mesurées facilement et rapidement;
  2. sont associées à des changements dans les incapacités et qui peuvent ainsi annoncer une progression;
  3. peuvent nous indiquer les effets d’un traitement sur la neurodégénérescence et les incapacités de la personne.

L’étude du Dr Arnold pourrait avoir d’énormes retombées, par exemple sur le processus diagnostique clinique de la SP progressive, le suivi des changements dans l’évolution de la maladie et l’évaluation des bienfaits des traitements. À la conférence de presse, le chercheur a parlé de la possibilité du biomarqueur d’être transformé en une mesure quantitative (score) pouvant servir à mesurer l’incapacité d’une personne et à déterminer si cette incapacité augmente ou diminue au fil du temps ainsi qu’avant et après le traitement. Il a aussi souligné le rôle important qu’avaient joué des personnes qui vivent avec la SP dans la conception de l’étude. Leur collaboration a en effet permis de mieux saisir l’impact de l’étude et sa pertinence par rapport aux expériences vécues dans le monde réel.

Les deux autres subventions sont allées au Dr Gianvito Martino, de l’Hôpital San Raffaele, à Milan, et au Dr Francisco Quintana, du Brigham and Women’s Hospital, à Boston.

Utilisation d’outils informatiques pour découvrir de nouveaux médicaments prometteurs contre la sclérose en plaques progressive

La recherche de traitements sécuritaires et efficaces contre la SP progressive peut équivaloir à chercher une aiguille dans une botte de foin. Tout comme l’informatique et l’immense volume de données colligées jusqu’à présent transforment nos modes de vie et de travail, la bio-informatique – associant les domaines de l’informatique, de la statistique et de l’ingénierie – transforme les méthodes de recherche de nouveaux médicaments (et le processus d’attribution de nouvelles indications à des médicaments existants) et l’utilisation de ces derniers dans la pratique clinique.

Faire passer un tout nouveau médicament du laboratoire à la clinique peut prendre jusqu’à 15 ans et coûter un milliard de dollars. Par ailleurs, les initiatives visant à traiter la SP par des médicaments existants, dont l’utilisation est approuvée pour d’autres maladies, s’avèrent une stratégie prometteuse dans la recherche de traitements contre les formes progressives de SP. Le Dr Martino a indiqué que de telles démarches devaient être accélérées et a souligné que les personnes qui vivent avec une forme progressive de SP ne peuvent pas attendre plus longtemps la mise au point de traitements. Grâce aux travaux menés conjointement dans les laboratoires de cinq pays, il recourra à des outils technologiques sophistiqués pour repérer des substances déjà offertes sur le marché et ayant le potentiel de traiter les formes progressives de SP. D’abord, l’équipe du Dr Martino passera au peigne fin de grands ensembles de données biologiques et chimiques pour trouver des médicaments susceptibles de déjouer les mécanismes qui sous-tendent la progression de la SP. Puis, au moyen d’analyses cellulaires, l’équipe évaluera l’efficacité de ces médicaments candidats pour prévenir la détérioration des cellules nerveuses et promouvoir la réparation de la myéline – deux processus importants permettant de contrecarrer la progression de la maladie. Après avoir réduit la liste des substances associées aux médicaments candidats les plus prometteurs, l’équipe évaluera leur potentiel d’efficacité chez des animaux atteints d’une forme progressive d’une maladie semblable à la SP.

Le Dr Martino espère que dans les quatre ans qui suivront le début de cette étude, son équipe aura mis en lumière une petite quantité de médicaments candidats prometteurs qui pourront faire l’objet d’essais cliniques auprès de personnes qui vivent avec la SP progressive.

Mise au point d’un éventail de nouveaux médicaments contre la SP progressive secondaire

Le système immunitaire « inné » est la première ligne de défense de l’organisme contre l’infection. Alors que le système immunitaire adaptatif (constitué de lymphocytes comme les cellules T et les cellules B) a toujours reçu toute l’attention au chapitre des mécanismes et des traitements de la SP, de nouvelles données montrent que le dérèglement du système immunitaire inné peut aussi intervenir dans le processus de la maladie. Le Dr Quintana et son équipe ont récemment cerné les mécanismes biologiques qui régissent la réponse immunitaire innée, et ils ont découvert qu’en modifiant ces mécanismes par génie génétique, il est possible de freiner la détérioration des cellules nerveuses et l’aggravation des incapacités chez un modèle animal de SP progressive. Cela dit, on ne dispose pour l’instant d’aucun médicament candidat capable de cibler ces mécanismes immunitaires.

Grâce à la nouvelle subvention de l’Alliance, l’équipe du Dr Quintana poussera sa recherche encore plus loin dans le but ambitieux mais réaliste de trouver des médicaments candidats capables de cibler le système immunitaire inné, qui seront prêts à être utilisés d’ici quatre ans, dans le cadre d’essais cliniques de premier stade, élaborés dans le contexte de la SP progressive. Tout comme le projet du Dr Martino, celui du Dr Quintana donnera l’occasion au chercheur d’en apprendre énormément sur les médicaments approuvés pour d’autres maladies que la SP et dont les modes d’action et les profils d’innocuité sont déjà connus, ce qui lui évitera de « réinventer la roue ». Ainsi, des médicaments prometteurs pourraient rapidement être mis à la disposition des personnes qui vivent avec une forme progressive de SP.

Le plus intéressant à propos de ces projets est qu’ils impliquent la collaboration de vastes réseaux de recherche et celle de l’industrie pharmaceutique. Cette dernière s’avère un partenaire particulièrement important parce qu’elle possède, d’une part, des ressources dont elle peut faire profiter les chercheurs universitaires et, d’autre part, une immense expertise dans l’élaboration de médicaments, dans leur évaluation lors d’essais cliniques et dans leur mise en marché.

Caroline Sincock, représentante de la collectivité au comité scientifique directeur de l’Alliance, vivant elle-même avec une forme progressive secondaire de SP, a pris la parole au congrès. Il fut extrêmement intéressant d’entendre ce qu’elle avait à dire sur les projets subventionnés par l’Alliance et les activités de cette dernière.

Elle s’est dite « inspirée par l’engagement des chercheurs », soulignant qu’elle « voyait fort bien tous les avantages de la collaboration dans le domaine de la recherche ». Mme Sincock a précisé, par la suite, que les personnes qui vivent avec une forme progressive de SP se sont longtemps senties négligées et laissées pour compte, avant d’ajouter que la SP progressive a des conséquences négatives non seulement sur le plan physique, mais aussi sur les plans affectif, social, financier et professionnel ainsi que sur les relations familiales.

Elle a précisé que les activités de l’Alliance et les subventions qu’elle vient d’accorder « suscitaient l’espoir que de réels progrès seront accomplis » et « témoignaient du fait que l’Alliance ne se limite pas à financer la recherche, mais qu’elle se consacre également à la sensibilisation à la SP progressive ». Je crois que Mme Sincock parle au nom de toutes les personnes qui vivent avec une forme progressive de SP lorsqu’elle souligne l’importance de la contribution de l’Alliance à l’avènement prochain de réels changements.

Nous avons eu la chance de nous entretenir avec le Dr Arnold au sujet de ses travaux. Cette entrevue sera mise à votre disposition très bientôt!

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