La SP frappe sans discrimination – elle peut apparaître chez n’importe qui et à tout âge, mais se manifeste la plupart du temps dans les années les plus productives de la vie. En 2020, la Fédération internationale de la sclérose en plaques (MSIF) a publié un rapport intitulé l’Atlas de la SP selon lequel environ 2,8 millions de personnes dans le monde vivent avec la SP, dont 90 000 Canadiens[1]. De récentes études sur la SP ont démontré que les personnes blanches d’origine européenne présentent un risque élevé de SP. Or, des travaux de recherche réalisés dans d’autres pays semblent indiquer que l’incidence de la SP est maintenant à la hausse au sein de populations qu’on considérait autrefois comme à faible risque de SP, dont les membres de la communauté noire afro-américaine[2].
Les personnes autochtones représentent 4,9 p. 100 de la population du Canada, mais on en sait encore peu sur l’état de la situation relativement à la SP parmi celles-ci[3]. En 2018, la Dre Ruth Ann Marrie a mené une étude auprès des membres des Premières Nations du Manitoba à partir de données administratives recueillies sur une période de 25 ans (de 1984 à 2011). Cette étude a révélé que le taux de SP chez ces personnes était plus faible que celui de la population générale, mais que la prévalence de cette maladie connaissait une hausse fulgurante parmi les membres des Premières Nations. Une augmentation de 351 p. 100 a ainsi été observée, par rapport à 225 p. 100 chez les personnes non autochtones. La chercheuse a aussi rapporté que la prévalence de la SP était accrue chez les personnes autochtones du Manitoba par rapport aux populations des Premières Nations de l’extérieur du Canada[4]. La prévalence de la SP chez les membres des Premières Nations de l’Alberta connaît une augmentation similaire et est considérée comme élevée par rapport à la tendance mondiale, mais demeure inférieure à celle de la population générale de l’Alberta[5].
Davantage de travaux de recherche devront être réalisés pour qu’on puisse déterminer si les facteurs de risque de SP sont les mêmes chez les gens des Premières Nations que parmi les populations non autochtones, d’une part, et en savoir plus quant aux différences possibles relatives à l’apparition et à l’évolution de cette maladie, d’autre part. À l’issue d’une étude pilote de faible envergure portant sur la SP parmi les membres des Premières Nations du Manitoba, on a découvert que la SP pourrait se manifester de façon hâtive chez ces personnes et être diagnostiquée précocement en raison de la gravité des symptômes lors de l’apparition de la SP (p. ex. symptômes moteurs). On a également constaté que les sujets à l’étude présentaient un risque cinq fois plus élevé que les personnes atteint de SP non autochtones d’avoir une maladie psychiatrique concomitante[6]. Une autre étude menée auprès de personnes autochtones de la Colombie-Britannique a montré que ces dernières affichaient une progression plus rapide de l’incapacité que les personnes non autochtones[7].
Les membres des populations autochtones sont en proie à des taux croissants de SP, alors qu’ils font face à des obstacles systémiques quant à l’accès aux soins de santé dont ils ont besoin. Madame Rheanna Robinson, Ph. D., professeure à l’Université du nord de la Colombie-Britannique (UNBC) et personne atteinte de SP, a parlé de son expérience en tant que femme métisse au sein du système de santé.
Des efforts accrus devront être consentis pour qu’on en vienne à une meilleure compréhension de ce que vivent les personnes autochtones en lien avec la SP. Pour cela, il importe que des partenariats et une collaboration continue soient établis avec les diverses communautés, et que des chercheurs autochtones, capables d’apporter une perspective propre aux personnes autochtones, puissent apporter leur concours, et ce, afin que soient améliorés la santé et le bien-être des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Davantage de travaux de recherche sur la SP menés auprès de ces populations nous permettront d’approfondir nos connaissances quant à la SP chez les peuples autochtones, puis d’améliorer les stratégies de prévention et de sensibilisation liées à la SP, le diagnostic de cette maladie, le traitement de celle-ci et les soins qui y sont associés. Dans le cadre de son concours annuel de bourses et de subventions de recherche, la Société canadienne de la SP encourage la proposition de travaux de recherche dont l’objectif consiste à accroître le niveau de connaissances sur la SP dans les collectivités du Canada.
[2] A. LANGER-GOULD, S. M. BRARA, B. E. BEABER et J. L. ZHANG. « Incidence of multiple sclerosis in multiple racial and ethnic groups », Neurology, 2013, 80(19), 1734-1739.
[3] Aboriginal peoples in Canada: Key results from the 2016 Census. [En ligne]. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/171025/dq171025a-eng.htm?indid=14430-1&indgeo=0
[4] R. A. MARRIE, S. LEUNG, N. YU et L. ELLIOTT. « Lower prevalence of multiple sclerosis in First Nations Canadians », Neurology: Clinical Practice, 2018, 8(1), 33-39.
[5] L. W. SVENSON, S. WARREN, K. G. Warren, L. M. METZ, S. B. PATTEN et D. P. SCHOPFLOCHER. « Prevalence of multiple sclerosis in First Nations people of Alberta », Canadian journal of neurological sciences, 2007, 34(2), 175-180.
[6] R. A. MARRIE, N. HALL et A. D. SADOVNICK. « Multiple sclerosis in First Nations Canadians: a pilot comparison study », Multiple Sclerosis Journal–Experimental, Translational and Clinical, 2016, 2, 2055217316666093.
[7] J. SAEEDI, P. RIECKMANN, I. YEE, H. TREMLETT et UBC MS clinic neurologists. « Characteristics of multiple sclerosis in aboriginals living in British Columbia, Canada », Multiple Sclerosis Journal, 2012, 18(9), 1239-1243.