La Société canadienne de la SP est ravie de faire part de certaines des avancées de la recherche sur la sclérose en plaques (SP) dont il a été question lors du sixième Forum de l’ACTRIMS (Americas Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis – comité des Amériques pour le traitement et la recherche dans le domaine de la sclérose en plaques). Cette année, le rassemblement organisé par l’ACTRIMS s’est tenu de façon virtuelle du 25 au 27 février. Vous trouverez ci-dessous certains des faits saillants en lien avec les travaux novateurs exposés par des cliniciens et des chercheurs à l’occasion de ce forum virtuel.
Impact du vieillissement dans le contexte de la SP progressive
Le Dr Benjamin Segal, de l’Université de l’État de l’Ohio, a donné le coup d’envoi du forum tenu cette année en présentant la conférence destinée à souligner la mémoire de Kenneth P. Johnson. Lors de son allocution d’ouverture, le Dr Segal a traité d’éventuels mécanismes suivant lesquels le vieillissement pourrait altérer la fonction immunitaire des personnes atteintes de SP et favoriser la progression de cette maladie. Il a notamment précisé que divers processus liés au vieillissement – comme une libération accrue de molécules pro-inflammatoires ou une perte de l’étanchéité de la barrière intestinale – peuvent activer certaines cellules immunitaires résidant dans le cerveau, à savoir les cellules microgliales, également désignées par le terme « microglie ». Une fois activée, la microglie joue un rôle pro-inflammatoire et peut contribuer à la nature neurodégénérative de la SP progressive.
M. Wee Yong, Ph. D., de l’Université de Calgary, a poursuivi sur le même thème en précisant que les cellules microgliales « se rebellent » en cas de SP progressive. Il a expliqué qu’avec le vieillissement, ces cellules subissent des changements qui modifient le type de gènes qu’elles expriment, ce qui, en retour, a un impact sur leurs fonctions. Par exemple, les changements qui interviennent dans l’expression du gène de l’ostéopontine peuvent altérer la capacité de la microglie à éliminer des molécules toxiques (soit la phosphatidylcholine oxydée) au sein du système nerveux central – phénomène qui se traduit par une neurotoxicité et une importance accrue des lésions dans la moelle épinière chez des souris âgées. Selon M. Yong, les médicaments qui ont pour effet de limiter l’activité de la microglie peuvent s’avérer bénéfiques en cas de SP progressive. Il a notamment mentionné que l’hydroxychloroquine, agent antipaludique, a la capacité de contrer l’activité de la microglie et qu’elle fait maintenant l’objet d’un essai clinique qui est mené auprès de personnes atteintes de SP progressive primaire.
Portrait de la SP parmi les populations hispanique et latine
Des membres du LACTRIMS (Latin American Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis – comité latino-américain pour le traitement et la recherche dans le domaine de la sclérose en plaques) ont mis en lumière de nouvelles perspectives sur la SP en Amérique latine. Selon le Dr Fernando Garcia, de l’Université latino-américaine de sciences et de technologie (ULACIT) au Panama, le portrait démographique de la SP en Amérique latine se compare à celui de la SP en Amérique du Nord et en Europe en ce qui a trait à la prévalence de la maladie selon le genre, à l’âge lors de l’apparition de celle-ci, ainsi qu’aux diverses phases et aux caractéristiques cliniques de la SP. Le Dr Victor Rivera, du Baylor College of Medicine, a précisé que, malgré la faible prévalence de la SP dans la plupart des pays d’Amérique latine, cette affection impose un fardeau économique considérable sur les collectivités locales – situation qui s’explique par le manque de ressources permettant de poser un diagnostic exact en temps opportun ainsi que par l’accès insuffisant à des médicaments efficaces. Actuellement, l’objectif principal consiste à mobiliser les neurologues et les organismes de la SP à l’œuvre en Amérique latine en vue d’accroître la sensibilisation à la SP, de renforcer la prise en charge de cette maladie ainsi que d’améliorer l’accès à des soins appropriés au profit des gens qui doivent composer avec la SP dans cette région du monde.
Le Dr Carlos Pérez, du Centre des sciences de la santé de l’Université du Texas, a abordé l’importance du recrutement de participants de diverses origines dans le cadre des essais cliniques sur la SP pour favoriser la généralisation des résultats obtenus lors de telles études ainsi que l’établissement des profils d’efficacité des médicaments utilisés actuellement contre la SP. À l’occasion de ses travaux de recherche, le Dr Pérez a pu constater que, si les membres des communautés latino-américaine et afro-américaine présentent un risque moindre d’avoir un jour la SP comparativement aux Américains d’ascendance européenne, ils présentent en revanche un risque accru de se trouver aux prises avec des incapacités graves en cas de SP. De plus, à propos de l’utilisation des médicaments modificateurs de l’évolution de la SP (MMÉSP) au fil du temps, il a souligné qu’au sein de divers groupes ethniques, les personnes qui ont la SP tendent à changer de MMÉSP ou à interrompre leur traitement par un tel médicament en raison de leur réponse variable à ce dernier ou de l’apparition d’effets indésirables. Par exemple, les Afro-Américains atteints de SP sont plus susceptibles que le reste de la population d’être amenés à opter pour un traitement plus offensif que celui qui leur avait été prescrit en premier lieu, car ils ont tendance à ne pas répondre suffisamment aux médicaments injectables. Ils présentent également les taux de manifestations indésirables les plus élevés parmi les personnes traitées contre la SP, en particulier en ce qui concerne les interférons. Les observations du Dr Pérez portent à croire qu’à l’avenir, les concepteurs d’essais cliniques devront opter pour une représentation plus diversifiée dans le cadre de telles études afin d’accroître l’exactitude des données obtenues par les chercheurs et de contribuer à l’élaboration de lignes directrices précises au chapitre du traitement de la SP.
SP pédiatrique
Des travaux de recherche menés récemment par M. Prince Sebastian, de l’Université nationale de l’Australie, ont révélé qu’une faible exposition aux rayons du soleil constitue un facteur de risque de SP pédiatrique. Après avoir analysé des données obtenues auprès de cliniques des États-Unis, M. Sebastian a rapporté que le fait de passer du temps à l’extérieur – ne serait-ce que de 30 à 60 minutes par jour – avait contribué de façon considérable à la prévention de la SP chez l’enfant.
Dans le cadre d’une présentation par affiches, la Dre Lindsay Logan, de l’Hôpital pour enfants malades de Toronto (SickKids), a exposé des résultats obtenus auprès d’enfants atteints d’un trouble neuro-inflammatoire, telle la SP, relativement à leur santé mentale durant les périodes de confinement liées à la pandémie de COVID-19. Elle a rapporté que les enfants de moins de 13 ans présentaient un risque accru de dépression et d’anxiété lors de ces périodes et que la baisse de leur degré d’activité physique aggravait ces symptômes.
COVID-19 parmi les gens vivant avec la SP
Mme Amber Salter, Ph. D., de l’Université de Washington, à Saint-Louis, a quant à elle présenté les résultats les plus récents obtenus dans le cadre de l’initiative nord-américaine baptisée COViMS, dans le cadre de laquelle divers types de données sont recueillis auprès de personnes atteintes de SP ayant contracté la COVID-19. Selon les données issues de cette initiative et de divers autres registres de la SP tenus dans le monde, le vieillissement et un degré élevé d’incapacité sont associés à un risque accru de complications graves liées à la COVID-19 – surtout en ce qui concerne le décès. Par ailleurs, l’association entre les troubles de santé graves liés à la COVID-19 et l’utilisation des médicaments modificateurs de l’évolution de la SP qui ciblent la protéine CD20 (ocrélizumab et rituximab) n’a pas encore été établie, mais un nombre croissant de données et d’observations donnent à penser que ces médicaments pourraient être associés à des résultats cliniques moins favorables que la moyenne en cas d’infection par la COVID-19.
Le Dr Amit Bar-Or, de l’Université de la Pennsylvanie, a passé en revue diverses considérations en lien avec l’innocuité et l’efficacité des vaccins contre la COVID-19 chez les personnes traitées par un médicament modificateur de l’évolution de la SP (MMÉSP). Il a indiqué que les vaccins conçus pour contrer la COVID-19 qui ont été approuvés à ce jour, notamment les vaccins à ARNm de Pfizer-BioNTech et de Moderna, sont généralement sans risque pour les personnes atteintes de SP, y compris celles qui suivent un traitement contre la SP. Toutefois, certains MMÉSP pourraient influer sur le degré d’efficacité des vaccins contre la COVID-19, ce qui pourrait amener certaines personnes atteintes de SP à consulter leur neurologue en vue de planifier leur vaccination en fonction du moment où elles doivent recevoir la prochaine dose du MMÉSP qui leur a été prescrit. Pour en savoir plus à ce propos, il est possible de se reporter au guide intitulé « Recommandations à l’intention des personnes qui vivent avec la SP concernant les vaccins contre la COVID-19 », élaboré par le Réseau canadien des cliniques de sclérose en plaques (RCCSP) et le comité médical consultatif de la Société canadienne de la SP.
Dans le présent document ne sont traitées que quelques-unes des dernières avancées de la recherche sur la SP qui ont été abordées lors du Forum 2021 de l’ACTRIMS. Pour consulter en ligne le programme complet de ce rassemblement virtuel et les résumés des présentations qui ont été données à cette occasion, veuillez cliquer ici (en anglais seulement).