Leçons de la classe virtuelle : enseigner pour la première fois pendant la pandémie de COVID 19

La plupart des enseignants se souviennent de leur première classe. Spencer Davis, qui en est à sa première année d’enseignement et qui a reçu un diagnostic de SP en 2019, n’est pas près d’oublier l’année scolaire 2020. Spencer a commencé sa carrière avec une classe d’élèves inscrits à l’école virtuelle en raison de la pandémie.

« J’ai l’impression d’être pris dans un tourbillon. Pendant les deux derniers mois de mes études universitaires, les cours ont été donnés à distance. Quand j’ai obtenu mon diplôme, je n’avais pas vraiment l’impression d’avoir terminé. Mon programme a simplement pris fin, et je ne pensais pas pouvoir enseigner puisque la pandémie sévissait encore. En fait, j’avais pratiquement abandonné l’idée d’avoir une classe cette année. Puis, j’ai appris que le district scolaire où j’avais fait mon stage était à la recherche d’enseignants pour les cours en ligne. Je me suis trouvé vraiment très chanceux d’obtenir un poste. »

À l’image des événements imprévisibles de 2020, l’année scolaire de Spencer a commencé d’une drôle de façon. La première journée d’école, il n’était pas devant son ordinateur, dans sa classe improvisée à la maison. Il était plutôt à Regina, en train de recevoir une autre série de traitements par perfusion. Le jour suivant, il était devant la caméra, prêt à accueillir ses élèves pour une nouvelle année scolaire.

Spencer a reçu un diagnostic de SP en 2019, pendant son stage. Lorsque, quelques mois plus tard, la pandémie était à son paroxysme en Amérique du Nord, il avait fait la paix avec l’idée qu’il ne pourrait peut-être pas accepter une charge d’enseignement en personne après l’obtention de son diplôme. Mais quand il a vu l’annonce du poste d’enseignement à distance, il a sauté sur l’occasion. Spencer travaille actuellement pour le district de Chinook, qui regroupe 62 écoles dans le sud-ouest de la Saskatchewan.

« Dans la plupart des collectivités du district de Chinook, une ou deux familles ont décidé d’inscrire leurs enfants à l’école virtuelle au lieu de les envoyer en classe. J’ai 18 élèves en ce moment, et tous habitent dans le sud-ouest [de la province]. J’enseigne en neuvième année. Nous ne suivons pas exactement le plan d’une journée de classe en personne, et je me concentre surtout sur les matières principales. Du lundi au jeudi, nous faisons de l’anglais et des mathématiques en matinée, puis des études sociales et des sciences en après-midi. Le vendredi, nous nous consacrons généralement à des projets, ou faisons des arts et de l’éducation physique.

Même s’il enseigne depuis seulement un mois, Spencer constate déjà certaines des conséquences immédiates de la COVID-19.

« À la rentrée, les jeunes n’avaient pas mis les pieds dans une classe depuis 110 jours. Ils n’avaient pas côtoyé leurs camarades ni reçu l’enseignement structuré auquel nous sommes tous habitués. C’est long. On peut sentir une certaine frénésie chez les élèves, parce qu’ils ont été tenus loin de l’école pendant si longtemps. Ils sont de retour, et ils en sont très contents! Je pense que la population a maintenant un plus grand respect qu’auparavant pour l’éducation. En fait, je pense que nous avons compris l’importance de beaucoup de choses que nous tenions pour acquises avant la pandémie. »


Avant le début de la pandémie, Spencer a terminé un baccalauréat en enseignement de l’éducation physique. Comme il a fait du sport toute sa vie, ce choix de spécialisation s’imposait naturellement. Malgré des symptômes étranges, mais passagers, au cours des cinq années qui ont précédé son diagnostic, c’est lors d’un cours en gymnase que Spencer a vraiment compris que quelque chose clochait.

« Pendant mon stage, j’enseignais des manœuvres pour déjouer l’adversaire, comme les jeux de pieds. J’ai commencé à courir, et mes jambes ont cédé. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Comment mes jambes pouvaient-elles lâcher alors que je me mettais à courir? Je me suis donc relevé et j’ai réessayé, sans succès. Quelque temps après cet incident, j’ai reçu un appel au cours duquel on me confirmait le diagnostic de SP. J’étais sur le point de commencer une carrière d’enseignant en éducation physique. Mon corps était mon outil de travail la moitié du temps, et je venais de perdre la capacité de courir. J’avais l’impression que tout s’effondrait autour de moi. »

Heureusement, Spencer a pu commencer un traitement sans délai, ce qui a été très bénéfique.

« Je suis incroyablement chanceux d’être en si bonne santé. En m’adaptant à l’enseignement en ligne, j’ai constaté que je suis capable de diriger une classe, même s’il m’arrive de ne pas pouvoir donner de cours d’éducation physique. Je peux appliquer mes compétences à d’autres matières. Toute cette expérience m’a redonné confiance en mes capacités. »

Nous sommes nombreux à souhaiter un retour à la normale, mais pour certains, ce ne sera pas possible.

« Il ne faut pas oublier que nous vivons en société et que les mesures que nous prenons ne visent pas nécessairement à nous protéger. Elles servent à protéger les personnes âgées ou immunodéprimées. J’espère que cet esprit d’entraide sera un héritage de la pandémie. Même si nous avons la chance d’être en santé, nous avons le devoir de protéger nos voisins et notre entourage, car nous ne sommes qu’un grain de sable dans l’univers et que l’union fait la force. »

  1. Hélène Roy dit :

    Bonjour Spencer, ton histoire m’a touché je sympathise avec toi. Ma soeur a la SP depuis 50 ans déjà, la maladie a progressé lentement, aujourd’hui elle marche avec une marchette à l’âge de 81 ans. Je te souhaite beaucoup de bonheur dans ton métier de professeur, tes élèves sont chanceux de t’avoir. Garde le moral.

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