Qu’entend-on par mener une « étude de cohorte »

Depuis quelque temps, la Société de la SP utilise souvent l’expression « étude de cohorte ». Peut-être avez-vous déjà consulté l’information que nous avons diffusée sur notre page Web consacrée aux Nouvelles récentes sur la recherche en SP, dans notre récent communiqué de presse et sur notre blogue au sujet de l’équipe de recherche qui sera chargée de mener l’étude de cohorte baptisée CanProCo (Canadian Proactive Cohort Study for People Living with MS). Cette entreprise a été rendue possible grâce à un partenariat financier établi entre la Société canadienne de la SP, Biogen et la Fondation Brain Canada, qui allouent collectivement plus de sept millions de dollars à l’étude de la progression de la SP au Canada. Or, qu’entend-on par « étude de cohorte »? En quoi une telle étude diffère-t-elle d’un essai clinique? Et quel est l’objectif de cette initiative de plusieurs millions de dollars?

Le terme « cohorte » désigne un groupe de personnes qui sont liées d’une manière ou d’une autre. Par exemple, l’expression « cohorte de naissance » renvoie à un groupe de personnes nées durant une certaine période, telle une année donnée. Dans le cas qui nous intéresse, le terme « cohorte » est utilisé pour désigner un groupe de personnes atteintes de SP. Une étude de cohorte consiste en une étude observationnelle au cours de laquelle des chercheurs s’emploient à scruter une maladie en explorant de multiples facettes de celle-ci – tels les facteurs de risque, les traitements, les stratégies interventionnelles, etc. – auprès d’une population définie.

C’est là que résident les différences entre une étude de cohorte et un essai clinique. Une étude dite clinique (ou essai clinique) relève de l’investigation, c’est-à-dire que ses auteurs suivent un protocole de traitement prédéterminé pour la maladie concernée tout en espérant que le traitement à l’étude sera efficace (comme c’est le cas lors d’un essai clinique portant sur un nouveau médicament). Une étude de cohorte consistera plutôt à collecter de l’information sur des méthodes thérapeutiques, des facteurs environnementaux ainsi que des attributs physiques et biologiques en vue de l’établissement d’un tableau global des facteurs qui contribuent à l’apparition d’une maladie. La plupart des essais cliniques sont axés sur les résultats que peut donner l’administration d’un agent thérapeutique chez des personnes atteintes d’une maladie, tels les taux de poussées, la progression de l’incapacité et l’activité de la maladie décelable à l’IRM dans le cas de la SP. Par ailleurs, les essais cliniques durent généralement moins longtemps que les études de cohorte. Dans le cadre d’une étude de cohorte consacrée à la SP, les chercheurs s’emploient à recueillir de l’information sur les effets des traitements ciblant la SP ainsi que sur une variété d’aspects de la maladie, allant de l’apparition de la SP jusqu’à l’état de santé des personnes atteintes de cette affection. Par exemple, nous savons que bon nombre des personnes ayant reçu un diagnostic de SP cyclique verront leur état évoluer vers la forme progressive secondaire de la SP au bout d’une période variant de dix à quinze ans suivant l’apparition de la maladie. Il importe donc de mieux comprendre les causes de la progression de la SP de sorte qu’il soit possible d’élaborer de nouveaux traitements en matière de prise en charge de cette maladie et, ultimement, de cerner l’information qui mènera à la mise au point d’un remède contre celle‑ci.

Les études de cohorte menées actuellement sur la SP ont déjà fourni des éléments d’information essentiels qui guideront la recherche de demain et parmi lesquels figurent des renseignements sur la prévalence et l’incidence de la SP, des données démographiques ainsi que des données cliniques. Quant aux facteurs pouvant différer d’une étude de cohorte à une autre, citons la zone géographique, les critères de recrutement et les types de données à collecter.

L’étude CanProCo permettra aux chercheurs d’observer pendant une période donnée une vaste population de personnes atteintes de SP qui vivent aux quatre coins du Canada, de recueillir des éléments d’information précis qui les aideront à déterminer les caractéristiques de la progression de la SP, et de comprendre les causes et les mécanismes sous-jacents à cette progression. Les chercheurs recueilleront et analyseront de nouvelles données au fil du temps et examineront également les données existantes sur la santé, ce qui fera de l’étude CanProCo une étude à la fois rétrospective et prospective. L’équipe de recherche a également établi une série de questions liées à la progression de la SP et relevant des trois volets de l’étude : neuro-imagerie, neuro-immunologie et neuro-épidémiologie/résultats en matière de santé. Ces questions s’articuleront autour des trois principaux axes de recherche suivants : 1) mécanismes sous-jacents à la progression de la SP (p. ex. comment la progression de la SP se manifeste-t-elle à l’échelle cellulaire et quels marqueurs biologiques peut-on utiliser pour en faire le suivi); 2) traitements/données concrètes (p. ex. quels sont les effets des traitements actuels contre la SP sur la progression de cette maladie et quel rôle le diagnostic précoce et l’autoprise en charge peuvent-ils jouer); et 3) impact (p. ex. quel est l’impact de la progression de la SP sur le système de santé, la société, l’économie et la qualité de vie des personnes qui sont atteintes de cette maladie). Pour répondre à ces questions de recherche, entre autres, les chercheurs devront recueillir différents types de données, notamment des données biologiques, des données d’imagerie et des données cliniques (symptômes et réponse au traitement), ainsi que des données sur le mode de vie, l’incapacité, le coût des soins de santé et d’autres aspects de la vie quotidienne et de la qualité de vie. Tous ces éléments d’information leur permettront de brosser un portrait global des répercussions physiques, émotionnelles, financières et sociales de la progression de la SP sur les personnes qui vivent avec cette maladie.

Les résultats de l’étude CanProCo sont susceptibles d’influer sur les stratégies de traitement de la SP, sur l’établissement du diagnostic de SP, sur le mode de vie des personnes qui sont atteintes de SP et, globalement, sur la façon même dont on parle de la progression de cette maladie. En somme, il s’agit d’une quête de savoir très importante, qui pourrait enrichir considérablement le corpus de connaissances actuel sur la SP et sur sa progression.

Pour en savoir plus sur l’étude de cohorte canadienne relative à la progression de la SP, veuillez consulter la page Web qui lui est consacrée. Vous pouvez aussi vous reporter à un article publié en ligne que j’ai cosigné et qui porte sur les études de cohorte consacrées à la SP.

 

Références

 BEBO, B. et coll. « Landscape of MS patients cohorts and registries: Recommendations for maximizing impact », Mult Scler, 2017. [Publication en ligne avant impression]

GLIKLICH, R. E. et N. A. Dreyer. Registries for evaluating patient outcomes: a user’s guide. Rockville, MD: U.S. Department of Health and Human Services, Agency for Healthcare Research and Quality, 2014.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.