Dans un monde où seulement 30 p. 100 des chercheurs sont des femmes, la Société de la SP est fière de confirmer que plus de 60 p. 100 des études qu’elle a financées en 2020 ont été dirigées par des chercheuses.
Aujourd’hui, nous célébrons la Journée internationale des femmes et des filles de science. Cette journée consiste à souligner le fait que l’égalité des sexes dans tous les domaines de la recherche est essentielle à l’atteinte des objectifs internationaux au chapitre de la science, de même qu’à l’accomplissement de progrès dans le domaine de la recherche sur la SP. La Société de la SP connaît l’impact de la SP sur les femmes – 75 p. 100 des Canadiens vivant avec la SP sont des femmes.
Malgré les obstacles auxquels se heurtent les femmes et les filles dans le domaine des sciences, les femmes mènent des études de recherche de pointe. En fait, ces femmes sont indispensables à la réalisation de travaux visant la découverte d’un moyen de guérir la SP. La Société de la SP a rencontré deux chercheuses, à savoir Mme Anastassia Voronova, Ph. D., et MmeChristina Wolfson, Ph. D., afin d’en apprendre plus sur leur parcours et leurs travaux, de même que pour obtenir leur avis sur ce que nous pouvons faire pour continuer à encourager les femmes et les filles à réduire l’inégalité des sexes en science une fois pour toutes.
Pouvez-vous décrire les travaux de recherche que vous effectuez dans le domaine de la SP?
Christina Wolfson : Je suis une épidémiologiste, mais pas de celles qui étudient les infections. Mes travaux portent sur les maladies non infectieuses, dont la SP. Je m’emploie à examiner le profil des maladies dans la population. Je cherche à établir la prévalence d’une maladie dans divers pays, la proportion d’hommes touchés comparativement aux femmes, et les manifestations de cette maladie selon les groupes d’âge. Les réponses à ces questions pourraient nous mettre sur la piste des causes d’une maladie et nous aider à mieux comprendre les maladies comme la sclérose en plaques.
Anastassia Voronova : Dans mon laboratoire, nous essayons de comprendre la façon dont les cellules souches forment le cerveau d’un fœtus en développement ou d’un bébé afin de trouver des moyens de traiter les troubles neurologiques chez l’adulte. Nous visons à « stimuler » les cellules souches existantes dans le cerveau adulte et à faire en sorte que celles-ci produisent davantage de cellules cérébrales comme celles qui sont détruites par la maladie ou une blessure. Nous espérons ainsi réussir à mettre au point de nouveaux médicaments pour aider les gens atteints d’une maladie qui touche le cerveau, comme la SP.
Avez-vous toujours su que vous vouliez faire carrière dans le domaine scientifique?
CW : Je ne peux pas dire que j’ai toujours envisagé une carrière en science, mais à l’école, j’ai toujours été très forte en mathématiques. J’ai songé pendant un certain temps à devenir médecin. Finalement, j’ai combiné les mathématiques et la médecine pour faire carrière comme épidémiologiste. J’aime essayer de percer les mystères des maladies. Je suis fière de mon champ d’activité et des nombreuses réussites attribuables aux études épidémiologiques.
AV : Après avoir fait une maîtrise en Estonie, mon pays d’origine, j’ai eu la chance de recevoir une bourse pour participer à un projet collaboratif à l’Université d’Ottawa pendant deux mois. C’est pendant ce séjour que j’ai pu observer un formidable esprit de collaboration chez les scientifiques canadiens et que j’ai découvert l’existence d’un monde de possibilités qui était hors de ma portée auparavant. J’ai donc décidé d’obtenir un doctorat en sciences de la santé. Tout au long de mon parcours universitaire au Canada, j’ai rencontré plusieurs scientifiques avant-gardistes qui ont été une source d’inspiration pour moi. C’est grâce à elles que je suis devenue une chercheuse principale indépendante au Canada. J’appartiens à la première génération d’universitaires dans ma famille. J’ai donc eu des occasions très spéciales.
Quels conseils donneriez-vous aux filles qui envisagent de faire carrière dans une discipline scientifique?
CW : Trouvez-vous un modèle, une femme que vous admirez et dont vous désirez devenir l’émule. Pendant mes études, la majorité de mes enseignants et professeurs étaient des hommes, et je crois que la présence d’un modèle m’a manqué. La plupart des femmes scientifiques de mon entourage seraient très heureuses de servir de mentore à une future jeune scientifique.
AV : Choisissez une mentore qui vous inspire non seulement comme scientifique, mais aussi comme femme. Les mentors peuvent donner de précieux conseils qui vont bien au-delà des conversations portant sur la carrière. Quand je repense à mes années de formation, ce sont ces conversations sur la vie en général, avec mes mentors, dont je garde les meilleurs souvenirs.
Tout au long de vos études et de votre carrière, avez-vous remarqué un changement d’attitude envers les femmes qui étudient et qui travaillent dans le domaine des sciences?
CW : Oui, mais il reste encore un bout de chemin à faire. Pendant mes études collégiales, j’étais la seule femme dans mon cours de physique et, sans aucune raison valable, les hommes pensaient que je devais être vraiment intelligente pour être admise dans la même classe qu’eux. C’était un peu terrifiant, car je redoutais de faire des erreurs. Les gens sont toutefois beaucoup plus sensibilisés à ces questions aujourd’hui, et les hommes comme les femmes y mettent des efforts.
AV : C’est ma directrice de thèse, Mme Ilona Skerjanc, Ph. D., qui m’a d’abord ouvert les yeux sur l’inégalité des sexes en STEM (science, technologie, génie et mathématiques). Illona fait inlassablement la promotion des femmes de science, et je lui dois en partie la réussite de mes études de doctorat. Depuis, j’ai remarqué que les collègues masculins ayant eu des femmes comme directrices de thèse sont plus sensibilisés que les autres aux problèmes d’inégalité des sexes en STEM et se font les défenseurs de la cause. J’espère qu’un nombre croissant de professeures émérites formeront à la fois des hommes et des femmes dans leurs laboratoires afin que l’inégalité des sexes ne soit plus, un jour, qu’un lointain souvenir.
Avant de terminer, avez-vous d’autres réflexions au sujet des femmes de science?
CW : La réussite des femmes en science n’est pas seulement la responsabilité des femmes, mais également celle des hommes. J’ai un fils, et sa mère est une scientifique, ce qui n’a rien d’exceptionnel pour lui, pas plus que pour ses enfants à lui. Cette tendance se répandra dans le monde, et les femmes scientifiques ne seront bientôt plus une espèce rare.
AV : En l’absence de modèles inspirants dans son entourage, une jeune fille peut difficilement imaginer les chemins possibles pour elle. Que ce soit pendant vos études ou dans un contexte professionnel, vous rencontrerez de tels modèles, et vos aspirations deviendront inévitablement plus ambitieuses. Ne sous-estimez pas le pouvoir du soutien dont vous aurez besoin de la part de votre partenaire et de vos amis pour avancer. Choisissez votre cercle d’alliés inconditionnels avec soin afin de pouvoir progresser et d’atteindre des sommets inespérés.