Lors de l’événement MSVirtual2020 (congrès virtuel tenu conjointement par l’ACTRIMS et l’ECTRIMS), des spécialistes de la SP ont fait le point sur les travaux de recherche les plus récents consacrés à cette maladie

Des scientifiques, des cliniciens et des professionnels de la santé de tous les coins du monde se sont rassemblés virtuellement du 11 au 13 septembre dans le cadre du huitième congrès conjoint de l’ACTRIMS (comité des Amériques pour le traitement et la recherche dans le domaine de la SP) et de l’ECTRIMS (comité européen pour le traitement et la recherche dans le domaine de la sclérose en plaques). Au programme de ce congrès, qui s’est tenu en ligne (MSVirtual2020), figuraient plus de 50 séances scientifiques, 1 100 exposés par affiches, 23 séances de formation, de même que des présentations et des occasions de réseautage virtuelles. Pour consulter le programme du congrès, veuillez cliquer ici (en anglais seulement). Voici quelques faits saillants des conférences et des exposés oraux livrés lors de l’événement MSVirtual2020.

À propos des causes de la SP et des facteurs contribuant à l’apparition de cette maladie

Prodromes de la SP

Mme Helen Tremlett, Ph. D., professeure à l’Université de la Colombie-Britannique et chercheuse subventionnée par la Société de la SP, a donné le coup d’envoi du congrès en livrant une conférence plénière sur les prodromes de la SP. Mme Tremlett a passé en revue des données cliniques et épidémiologiques qui démontrent que le processus menant à l’apparition de la SP peut s’enclencher des années avant la survenue du premier épisode de démyélinisation. La chercheuse a indiqué que les personnes qui apprennent un jour qu’elles ont la SP sont jusqu’à 50 p. 100 plus susceptibles que celles qui ne reçoivent jamais un tel diagnostic de se rendre à l’hôpital ou de consulter un médecin en raison de problèmes de santé tels que des migraines, des troubles mentaux, dermatologiques ou hormonaux, des troubles du sommeil, ou un syndrome du côlon irritable. Il s’agit là d’une observation qui aura des retombées importantes au chapitre du diagnostic de la SP et des soins cliniques destinés aux personnes atteintes de cette maladie. En effet, la reconnaissance des caractéristiques cliniques de la phase prodromique de la SP permettrait un dépistage et un traitement précoces de cette affection. Afin d’en savoir plus sur les prodromes de la SP, veuillez cliquer ici pour accéder à la section de notre site Web intitulée « Nouvelles récentes sur la recherche en SP ».

Obésité et syndrome métabolique

La Dre Ruth Ann Marrie, de l’Université du Manitoba, a abordé le thème du syndrome métabolique (SMet) dans le contexte de la SP. Les caractéristiques de ce syndrome sont l’hypertension, l’obésité, la dyslipidémie (taux anormaux de lipides dans le sang) et une glycémie élevée – l’obésité viscérale (souvent évaluée selon le tour de taille) étant une caractéristique clef de ce syndrome. La Dre Marrie a souligné les corrélations établies entre la présence du syndrome métabolique et certains résultats constatés chez les personnes atteintes de SP, notamment la pose retardée du diagnostic de SP, l’accélération de la progression de l’incapacité et l’augmentation du taux de poussées. Comme il n’a pas encore été déterminé si la présence de la SP influe ou non sur les effets du syndrome métabolique et les mécanismes qui sous-tendent ce dernier, d’autres études cliniques devront être menées pour qu’on puisse déterminer si le fait de traiter le syndrome métabolique pourrait contribuer au soulagement des symptômes de la SP.

Facteurs environnementaux et risque de SP

Mme Kassandra Munger, Ph. D., chercheuse de l’Université Harvard (États-Unis), a évalué les corrélations entre le virus d’Epstein-Barr (VEB) et les taux de vitamine D, d’une part, et le risque de SP, d’autre part. Il ressort nettement de l’analyse qu’elle a faite du corpus de publications portant sur le sujet que le VEB constitue probablement un facteur favorisant l’apparition de la SP. Mme Munger et son équipe de recherche ont mesuré les taux d’anticorps dirigés contre le VEB auprès de populations constituées de militaires et ont constaté que des taux d’anticorps anti-VEB élevés étaient associés à un risque accru de SP. La chercheuse a également évalué les taux de vitamine D et observé une réduction de 50 à 60 p. 100 du risque de SP parmi les personnes chez qui le taux de vitamine D était supérieur à 75 nmol/L. Malgré ces observations, Mme Munger a souligné avec prudence la possibilité de biais de causalité inversée (présence envisageable d’une maladie infraclinique ayant un effet sur les taux de vitamine D) ou de biais de rappel pouvant compromettre la validité de certaines données recueillies dans le cadre d’études cas-témoins, ainsi que la présence éventuelle de facteurs confondants pouvant influer sur les résultats de recherche. De plus, en s’appuyant sur les critères de causalité de Bradford Hill, Mme Munger a avancé qu’une infection par le VEB constitue un facteur de SP plus probable qu’une carence en vitamine D.

À propos de la prise en charge de la SP :

Adaptation du traitement selon l’évolution de l’état du patient ou recours à un traitement d’induction

La Dre Ellen Mowry, de la Faculté de médecine de l’Université Johns Hopkins, à Baltimore (États-Unis), a abordé la nécessité accrue d’améliorer le processus de sélection du traitement le plus approprié pour chaque personne aux prises avec la SP. Selon les publications portant sur le traitement de cette maladie, on peut distinguer au moins deux types de stratégies thérapeutiques : i) le recours à un traitement d’induction, soit à un médicament d’un degré d’efficacité élevé, et ii) le passage à un traitement plus offensif que le premier ayant été instauré, dans le cas des patients dont l’état montre des signes d’activité de la SP et nécessite le recours à un médicament plus efficace. En l’absence de données précises qui permettraient de privilégier l’une de ces deux approches, des chercheurs ont mis sur pied deux essais cliniques dans le but de déterminer laquelle de ces stratégies serait la plus efficace au chapitre de la prévention de l’accumulation d’incapacités à long terme chez les personnes vivant avec la SP. L’étude baptisée TREAT-MS (TRaditional versus Early Aggressive Therapy for MS – étude comparative entre les approches thérapeutiques traditionnelle et offensive contre la SP) est un essai clinique auquel participent 45 centres de recherche situés aux États-Unis. L’étude intitulée DELIVER-MS (Determining the Effectiveness of earLy Intensive Versus Escalation approaches for RRMS – étude comparative de l’efficacité des traitements intensifs et des approches impliquant le passage à un traitement d’une efficacité accrue dans le contexte de la SP cyclique) se déroule quant à elle dans 24 centres de recherche répartis au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Perspectives propres au personnel infirmier spécialisé en SP

Comme par le passé, l’Organisation internationale des infirmières et des infirmiers spécialisés en SP a organisé une séance spéciale consacrée aux soins infirmiers avancés destinés aux personnes atteintes de SP. Cette année, il a été question de prise en charge de la maladie axée sur le patient. Megan Weigel, infirmière praticienne, de l’établissement First Coast Integrative Medicine (États-Unis), s’est penchée sur le recours à une médecine intégrative dans le traitement de la SP et a présenté une approche sûre, axée sur le patient, qui combine la médecine classique (reposant sur l’exploitation des données disponibles) et le recours à des traitements parallèles (telles l’utilisation de produits naturels, la massothérapie et l’adaptation du régime alimentaire).

Jennifer Boyd, infirmière clinicienne spécialisée exerçant à l’Hôpital pour enfants malades de Toronto, s’est employée à évaluer les types de soins à prodiguer aux enfants atteints de SP. Lors de son intervention, Mme Boyd a souligné à quel point il importe de communiquer de manière appropriée avec les jeunes patients en tenant compte du stade de développement atteint par ces derniers et des difficultés que peuvent éprouver certains adolescents (notamment en ce qui concerne les préoccupations liées au fait de se sentir différent). Selon Mme Boyd, l’essentiel est que les jeunes atteints de SP et leurs parents reçoivent l’information et le soutien dont ils ont besoin tout au long du processus de prise en charge.

À propos de la SP progressive

Traitements modificateurs de l’évolution de la maladie contre la SP progressive

Le Dr Xavier Montalban, du Centre de SP de la Catalogne, situé à Barcelone (Espagne), a effectué un survol de l’évolution des options thérapeutiques contre la SP progressive. À ce jour, l’ocrélizumab est le seul médicament modificateur de l’évolution de la SP à avoir été approuvé pour le traitement de la SP progressive primaire. Comme l’a indiqué le Dr Montalban lors de sa présentation, certains pays – dont le Canada ne fait pas partie – ont approuvé l’ocrélizumab, le siponimod, la cladribine, l’ofatumumab et l’ozanimod pour le traitement de la SP progressive secondaire en phase active. Au Canada, les médicaments envisagés contre la SP progressive secondaire active comprennent certaines préparations à base d’interféron et, depuis peu, le siponimod (homologué) et l’ofatumumab (en instance d’approbation par Santé Canada). En outre, d’autres médicaments comme l’acide lipoïque, la simvastatine et l’ibudilast font l’objet d’essais cliniques consistant à évaluer leur efficacité et leur potentiel dans le traitement de la SP progressive. D’autres études devront être réalisées en vue d’une meilleure compréhension des mécanismes pathologiques de la SP progressive de sorte que puissent être mises au point de nouvelles options thérapeutiques contre les formes progressives de la sclérose en plaques.

Traitements favorisant la remyélinisation

La remyélinisation est essentielle à la prévention de la neurodégénérescence et de la progression de la SP. Une fois parvenues à maturité et après avoir été activées, des cellules appelées oligodendrocytes interviennent dans le processus de remyélinisation. M. Robin Franklin, Ph. D., professeur à l’Université de Cambridge (Royaume-Uni), a abordé la façon dont l’âge peut influer sur la capacité des cellules nerveuses à contribuer au processus naturel de remyélinisation. À ce propos, il a précisé qu’en raison du vieillissement, le cerveau semble perdre de sa flexibilité envers les oligodendrocytes, ce qui entrave le processus de maturation de ces derniers. Il est à noter que diverses stratégies visant à contrer les effets du vieillissement se sont déjà avérées efficaces – certaines d’entre elles consistant à réduire l’apport en calories ou à recourir à la metformine, médicament utilisé dans le traitement du diabète.

La Dre Catherine Lubetzki, de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière, à Paris (France), a présenté un exposé très intéressant sur les stratégies actuellement utilisées pour favoriser la remyélinisation. En faisant appel à un modèle murin (souris) de SP dans le cadre de travaux de recherche précliniques, l’équipe de la Dre Lubetzki a identifié une molécule appelée sémaphorine 3F (Sema3f), qui semble favoriser le processus de remyélinisation au sein des tissus lésés par la maladie semblable à la SP. En outre, de multiples composés font l’objet d’essais cliniques consistant à évaluer leur capacité à cibler des mécanismes précis qui inhibent la maturation des oligodendrocytes (comme les voies faisant intervenir le récepteur de l’histamine H3, la molécule Lingo1 ou le récepteur muscarinique de type 1) ou qui favorisent ce processus (dont un mécanisme auquel participe le récepteur X des rétinoïdes gamma). Par ailleurs, un essai clinique de phase II a été mené récemment sur le bexarotène et la capacité de celui-ci à agir sur le récepteur X des rétinoïdes gamma ainsi qu’à promouvoir la rémyélinisation dans le contexte de la SP. Or, bien que les résultats de cet essai aient confirmé que le bexarotène peut favoriser la remyélinisation au sein des lésions causées par la SP, les effets indésirables de ce médicament se sont avérés trop graves pour que l’utilisation clinique de ce dernier puisse être envisagée.

Pour en savoir plus sur les essais cliniques en cours consacrés à la rémyélinisation, veuillez cliquer ici pour consulter un article publié dernièrement par la Dre Lubetzki à ce sujet.

Séances d’information tenues dernièrement :

Le 26 septembre dernier a eu lieu un événement consacré à la COVID-19 parmi les gens vivant avec la SP, dans le cadre duquel il a été question de travaux de recherche prometteurs menés sur la SP. M. Steve Simpson-Yap, Ph. D., de l’Université de Melbourne (Australie), a présenté les premiers résultats obtenus dans le cadre de l’initiative mondiale de mise en commun de données sur la COVID-19 et la SP, lancée par la Fédération internationale de la SP, la MS Data Alliance et d’autres partenaires fournisseurs de données dans le but de faciliter la prise en charge de la SP durant la pandémie de COVID-19. Lors de sa présentation, M. Simpson-Yap a indiqué que le vieillissement, la SP progressive et un degré d’incapacité élevé sont associés à une fréquence accrue de complications graves liées à la COVID-19. Il a aussi rapporté que l’utilisation de médicaments modificateurs de l’évolution de la SP (MMÉSP) prenant pour cible la protéine CD20 (ocrélizumab et rituximab) est également associée à une fréquence accrue d’hospitalisations, d’admissions aux soins intensifs et de recours à la ventilation artificielle chez les personnes atteintes de SP qui ont contracté la COVID-19. Ces résultats donnent à penser que l’utilisation de médicaments qui ciblent la protéine CD20 pourrait contribuer au risque d’infection grave par le virus de la COVID‑19 en comparaison des autres MMÉSP.

Mme Amber Salter, Ph. D., professeure à la Faculté de médecine de l’Université de Washington, à Saint-Louis (États-Unis), a quant à elle présenté les résultats préliminaires de l’initiative nord-américaine baptisée COViMS, dans le cadre de laquelle de l’information clinique est recueillie auprès de personnes atteintes de SP ayant contracté la COVID-19. La première analyse des données ainsi collectées portait sur les conséquences de la COVID-19 parmi les membres de groupes minoritaires vivant avec la SP. L’information consignée dans le registre COViMS tend à indiquer que les personnes noires/afro-américaines atteintes de SP sont plus jeunes et plus susceptibles de présenter des maladies concomitantes (comme l’hypertension et l’obésité morbide) comparativement aux Blancs ayant la SP. En cas d’infection par la COVID-19, elles présentent également un risque accru d’issues cliniques moins favorables (décès, hospitalisation et/ou admission aux soins intensifs) en comparaison des personnes blanches aux prises avec la SP. Afin d’en savoir plus sur l’initiative COViMS, veuillez cliquer ici pour accéder à la section de notre site Web intitulée « Nouvelles récentes sur la recherche en SP ».

Il ne s’agit là que d’un aperçu des dernières données de recherche intéressantes sur la SP.

Veuillez cliquer ici pour parcourir l’ensemble des travaux de recherche présentés lors de l’événement MSVirtual2020 (site en anglais seulement).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.