Les chercheurs qui ont fait une présentation dans le cadre de la séance du Forum 2019 de l’ACTRIMS sur les concepts émergents liés à la SP ont exposé aux participants les résultats qu’ils ont obtenus en explorant de nouvelles pistes de recherche sur cette maladie. Lors de cette séance, nous avons entendu parler notamment 1) d’une nouvelle stratégie qui permettrait de repérer les personnes chez qui la SP cyclique risque d’évoluer vers une SP progressive secondaire (SPPS), 2) d’une nouvelle cible dont l’exploitation pourrait permettre de prévenir l’inflammation associée à la SP et 3) d’un mécanisme lié au vieillissement qui pourrait servir de base à une nouvelle stratégie thérapeutique contre cette maladie.
1. Lien entre l’atrophie de la moelle épinière et la conversion de la SP cyclique en SPPS
Les traitements offerts actuellement visent à inhiber l’activité inflammatoire sous-jacente à la SP; pourtant, bon nombre des personnes atteintes de SP cyclique voient leur état évoluer vers la SPPS. Les paramètres mesurés au moyen de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) fournissent des données utiles sur la progression de la SP et sur les incapacités. La Dre Antje Bischof, du Weill Institute for Neurosciences, de l’Université de la Californie, à San Francisco, a eu recours à l’IRM pour déterminer s’il pouvait y avoir une corrélation entre l’atrophie de la moelle épinière et la conversion de la SP cyclique en SPPS. Dans le cadre d’une étude d’observation de 12 ans, elle a comparé les résultats d’examens d’IRM de 54 personnes chez qui la SP cyclique avait évolué vers une SPPS à ceux de 54 personnes chez qui la SP cyclique n’avait pas évolué et de 54 témoins appariés selon l’âge et le sexe et n’ayant pas la SP. L’atrophie de la moelle épinière a été plus rapide dans le cas des personnes chez qui la SP cyclique s’était convertie en SPPS comparativement à celles qui n’avaient pas subi une telle évolution et aux témoins exempts de SP. En revanche, il n’y avait pas de différence entre les deux groupes de sujets ayant la SP en ce qui concerne le volume des lésions ou du cerveau. Les données présentées par la Dre Bischof indiquent que la vitesse à laquelle la moelle épinière cervicale s’atrophie pourrait être un marqueur de la conversion de la SP cyclique en SPPS.
2. Nlrx1, nouvelle cible thérapeutique pour prévenir l’inflammation dans le contexte de la SP
Bon nombre des traitements qui sont offerts actuellement contre la SP exercent leurs effets en prévenant la migration des cellules immunitaires vers le cerveau et la moelle épinière – qui constituent tous les deux le système nerveux central (SNC) – ou en atténuant la réponse immunitaire. Les molécules anti-inflammatoires qui sont présentes dans le SNC pourraient servir de cibles thérapeutiques et ralentir la progression de la SP. Mme Marjan Gharagozloo, dont les travaux de recherche doctorale à l’Université de Sherbrooke ont été subventionnés par la Société canadienne de la SP, a présenté ses données de recherche sur une molécule appelée Nlrx1, qui se trouve dans les mitochondries (centrales énergétiques des cellules). Plus précisément, Mme Gharagozloo a entrepris de déterminer si Nlrx1 influe sur la SP chez un modèle animal (souris) de cette maladie. Elle a constaté que la SP avait évolué plus rapidement dans le cas des souris chez qui le gène codant pour Nlrx1 avait été inactivé que chez les souris porteuses de ce gène. En outre, Mme Gharagozloo a constaté une infiltration de cellules inflammatoires dans la moelle épinière des souris dépourvues de la protéine Nlrx1. Enfin, il a été établi que Nlrx1 prévient la génération dans le SNC de cellules inflammatoires dont on sait qu’elles déclenchent l’activation des cellules immunitaires chez des modèles animaux de SP. En somme, il faudra poursuivre les travaux sur Nlrx1 afin de faire toute la lumière sur le rôle joué par cette molécule, mais il apparaît d’ores et déjà que celle-ci pourrait être une cible thérapeutique permettant de prévenir l’inflammation du SNC associée à la SP.
3. Stratégie thérapeutique contre la SP consistant à cibler un mécanisme lié au vieillissement
Le vieillissement a été associé à l’évolution de la SP; plus précisément, on pense qu’il influerait sur celle-ci en agissant sur la progression des incapacités et la neurodégénérescence. La Dre Kristen Krysko, de l’Université de la Californie, à San Francisco, a tenté de déterminer si la longueur des télomères leucocytaires (LTL), marqueur biologique associé au vieillissement, est liée à la progression des incapacités et aux variations du volume du cerveau chez les personnes atteintes de SP. Plus précisément, elle a examiné divers paramètres (LTL, résultats d’examens d’IRM et variations des incapacités) dans le cadre d’une étude menée auprès d’une cohorte de 365 femmes et de 160 hommes atteints de SP ou ayant présenté un syndrome clinique isolé (SCI). Les résultats de ces évaluations indiquent qu’un âge avancé et une SP de longue date étaient associés à des télomères leucocytaires plus courts. De plus, les participants dont les télomères leucocytaires étaient courts présentaient des incapacités plus marquées et un volume cérébral moindre comparativement aux autres participants. Les résultats de l’étude en question fournissent de nouveaux éléments sur un marqueur qui pourrait devenir un nouvel indicateur de la progression des incapacités ainsi que la cible de stratégies thérapeutiques novatrices contre la SP.
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