Améliorer la fonction cognitive en présence de SP : un chercheur veut changer le cours des choses pour les personnes atteintes de SP progressive

Les troubles cognitifs, qui constituent une priorité pour la Société canadienne de la SP, touchent bon nombre de personnes aux prises avec la SP.

La sclérose en plaques (SP) peut entraîner une diminution du volume du cerveau (atrophie cérébrale). Des études ont démontré que ce phénomène, de même que les lésions associées à la SP, était lié aux troubles cognitifs. Ces derniers touchent jusqu’à 70 p. 100 des personnes atteintes de SP progressive; ils influent principalement sur le traitement de l’information et la vitesse de ce processus, l’apprentissage, la mémoire, les fonctions exécutives et la perception. Les personnes atteintes de SP ont par ailleurs déjà exprimé que les troubles cognitifs étaient un sujet de préoccupation sur lequel il fallait se pencher.

Il y a cinq ans, j’ai parcouru le pays et sollicité les commentaires des membres de la collectivité de la SP (chercheurs, proches aidants, personnes atteintes de SP) afin de cerner les sphères de recherche qui comptaient pour eux — la fonction cognitive et la santé mentale en faisaient partie!

La bonne nouvelle? Des données probantes montrent que la réadaptation cognitive peut contribuer à l’amélioration des fonctions cognitives.

Réadaptation cognitive 

Il importe de mettre au point des traitements efficaces de réadaptation cognitive au profit des personnes atteintes de SP. Ce type d’intervention a pour but l’amélioration de la capacité d’une personne à traiter et à interpréter l’information qu’elle reçoit, de même que sa capacité à fonctionner au sein de sa famille et de la société. Quelques études ont déjà permis l’évaluation de stratégies de réadaptation cognitive qui avaient pour objectif l’amélioration de diverses fonctions cognitives, notamment la mémoire, la communication et l’attention.

Bien que d’importants progrès aient été réalisés au chapitre du traitement des troubles cognitifs, les travaux de recherche doivent se poursuivent. De nombreuses études ne comportent pas de groupe témoin (auquel on n’administre pas le traitement à l’étude), n’ont pas la taille suffisante pour que des conclusions adéquates puissent être tirées des interventions, ou se limitent à la population générale de personnes atteintes de SP (toutes formes de SP confondues) ou portent uniquement sur la SP cyclique.

Cognition et exercice

Parmi les interventions prometteuses qui pourraient contribuer à l’amélioration des fonctions cognitives figure l’activité physique. On a longtemps conseillé aux personnes qui vivaient avec la SP d’éviter tout effort physique, de crainte de voir leur état s’aggraver. Or, au cours des dernières décennies, des études ont révélé qu’une augmentation de l’activité physique était extrêmement bénéfique pour les personnes qui vivent avec la SP. C’est pourquoi la collectivité de la SP fait maintenant la promotion de ce genre d’activité auprès de ses membres. Il est clair que les effets bénéfiques de l’activité physique et de l’exercice sur la santé du cerveau peuvent favoriser le maintien de l’autonomie, rehausser la qualité de vie et améliorer les fonctions cognitives.

Les effets de l’activité physique sur les fonctions cognitives ont toutefois été principalement évalués auprès de personnes atteintes de SP cyclique. De plus, des interventions misant sur divers types d’exercices ont abouti à des résultats mitigés sur la cognition, ce qui pourrait s’expliquer par les différentes méthodologies employées (types d’exercices, intensité, fréquence et durée du programme) d’une étude à l’autre. Des essais comparatifs à répartition aléatoire portant sur des échantillons plus vastes que ceux auxquels on a eu recours jusqu’à présent, qui s’étendent sur des périodes plus longues et qui incluent des évaluations plus détaillées que lors des études précédentes, doivent donc être réalisés pour qu’on soit en mesure d’évaluer le rôle de l’activité physique sur les fonctions cognitives.

En outre, en ce qui concerne la réadaptation en SP, comme une intervention unique pourrait ne pas être efficace pour favoriser l’atténuation des symptômes, des approches synergiques sont nécessaires. Par conséquent, des stratégies qui combinent deux interventions, comme la réadaptation cognitive et l’activité physique, pourraient entraîner les améliorations les plus marquées chez les personnes atteintes de SP.

Des travaux de recherche financés par la Société de la SP visent l’amélioration des fonctions cognitives grâce à la combinaison de la réadaptation cognitive et de l’activité physique

Nous avons récemment annoncé notre soutien à un projet de cinq millions de dollars grâce auquel des chercheurs tenteront de déterminer si la réadaptation cognitive, l’activité physique, ou une approche combinant ces deux interventions pourraient contribuer à l’amélioration des fonctions cognitives chez des personnes atteintes de SP progressive. Cette étude clinique est la première du genre à porter sur un vaste échantillon de personnes et à faire intervenir plusieurs pays. Elle pourrait permettre de déterminer la meilleure approche de traitement des troubles cognitifs chez les personnes ayant reçu un diagnostic de SP progressive.

Le chercheur à la tête des travaux visant l’amélioration des fonctions cognitives chez les personnes atteintes de SP progressive

 Le chercheur à la tête de ce projet d’envergure sur l’amélioration des fonctions cognitives au moyen d’un vaste essai clinique à répartition aléatoire est le Dr Anthony Feinstein. Le Dr Feinstein est neuropsychiatre et chercheur agrégé au Centre des sciences de la santé Sunnybrook. Il est également professeur de psychiatrie à l’Université de Toronto.

Il étudie depuis 26 ans les troubles du comportement dans le contexte de la SP et dirige une clinique très achalandée dont plus de 80 p. 100 des patients sont atteints de cette maladie. Ses travaux reposent notamment sur la réalisation de tests neuropsychologiques détaillés, le recours à l’imagerie cérébrale (structurelle et fonctionnelle) et la quantification des symptômes liés à l’humeur. Récemment, il a entrepris une série d’études ayant pour objet les effets potentiels du cannabis sur la fonction cognitive et les résultats d’imagerie du cerveau chez des personnes atteintes de SP. La Société de la SP finance actuellement deux études dirigées par le Dr Feinstein, soit celle sur l’amélioration des fonctions cognitives, et une autre sur les effets du cannabis sur la cognition.

Questions et réponses avec le Dr Feinstein

Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à la recherche sur la SP? Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?

Je me suis d’abord intéressé à la recherche sur la SP après ma résidence à Londres. J’ai consacré ma thèse de doctorat à la détection des difficultés cognitives chez les personnes atteintes de SP et à la mise en corrélation de clichés d’IRM du cerveau avec les troubles de la cognition. Ce domaine de recherche en était alors à ses balbutiements, et très peu d’articles avaient été publiés sur ces questions. Après avoir obtenu mon doctorat, j’ai poursuivi mes travaux sur la SP. En fait, je peux affirmer que c’est durant mes études doctorales que s’est affirmé mon intérêt pour cette maladie et ses conséquences sur le comportement.

Je continue de m’investir activement dans la recherche, car il y a encore beaucoup de questions qui demeurent sans réponse. La SP est une maladie fascinante à étudier, et nous avons encore énormément de choses à apprendre au sujet de ses multiples effets sur le comportement. Aujourd’hui, toutefois, nous en savons beaucoup plus qu’à mes débuts dans le domaine, et les avancées technologiques continuent de repousser les limites de la recherche, ce qui permet d’améliorer les soins aux patients.

 Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la recherche et quels sont les plus grands défis auxquels vous faites face?

J’aime plus que tout le côté innovateur de la recherche. La réplication des résultats de recherche est bien entendu importante, voire essentielle, mais je trouve très gratifiant d’obtenir de nouveaux résultats susceptibles d’améliorer la qualité des soins dispensés aux patients. Les plus grands défis concernent, d’une part, l’obtention de financement dans un milieu où la concurrence entre chercheurs ne cesse de croître et, d’autre part, la rétention de jeunes chercheurs brillants au sein de mon équipe en raison des possibilités financières et professionnelles plus intéressantes qui leur sont souvent offertes ailleurs.

Quelle importance accordez-vous à la collaboration et dans quelle mesure y avez-vous recours dans le cadre de vos travaux de recherche?

La collaboration est essentielle à mes activités de recherche. Tout d’abord, je ne pourrais pas mener mes travaux de recherche sans entretenir de bonnes relations avec mes collègues neurologues, qui orientent certains de leurs patients vers ma clinique aux fins de traitement et de recherche. Je collabore également avec des spécialistes de la neuroimagerie et de la neuropsychologie et, plus récemment, des experts en génie. Cette coopération contribue grandement au succès de mes travaux.

Dans quelle mesure le soutien fourni par la Société canadienne de la SP vous permet-il de mener à bien vos travaux de recherche?

Le soutien que m’apporte la Société canadienne de la SP est essentiel au succès de mes travaux de recherche. La Société de la SP a financé des études que j’ai consacrées à la mise en corrélation de clichés d’IRM avec la dépression et d’autres qui été axées sur l’élaboration de tests automatisés permettant d’évaluer la fonction cognitive chez les personnes atteintes de SP. Le soutien financier de la Société de la SP m’a aussi permis d’entreprendre une série d’études sur l’altération de la fonction cognitive et les changements observés sur les clichés d’imagerie chez les utilisateurs de cannabis atteints de SP, divers travaux consacrés à la prévalence et à la portée clinique du syndrome pseudobulbaire et aux troubles cognitifs associés à celui-ci dans le contexte de la SP, et, plus récemment, une vaste étude multicentrique sur la réadaptation cognitive et l’exercice chez les personnes atteintes de SP progressive.

Vous aimeriez en savoir plus sur cet essai clinique?

Reportez-vous à la foire aux questions, au communiqué de presse et aux nouvelles récentes sur la SP qui y ont été consacrés. Vous pouvez aussi consulter la page Facebook de la Société de la SP le jeudi 20 septembre prochain, à 13 h, pour assister à une période de questions et réponses en direct avec le Dr Anthony Feinstein.

 

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