Du 8 au 11 décembre 2019 s’est tenu à Calgary le Congrès stopSP 2019, organisé par la Société canadienne de la SP, auquel ont participé des chercheurs spécialistes de la sclérose en plaques (SP) venus du Canada et du monde entier afin d’unir leurs efforts pour découvrir, innover et agir en vue de stopper la SP.
Le Congrès stopSP constitue l’événement scientifique sur la recherche consacrée à la sclérose en plaques le plus important du Canada. Mettant de l’avant le travail accompli par les chercheurs en lien avec les quatre domaines ciblés par la Société canadienne de la SP dans le cadre de son plan stratégique intitulé « Découvrir. Innover. Agir. », ce congrès nous a permis d’en savoir plus sur les avancées réalisées quant à l’amélioration des traitements et des soins, au renforcement du bien-être, à la compréhension et à l’enrayement de la progression de la SP, ainsi qu’à la prévention de cette maladie. Cette année, le congrès a aussi procuré aux participants l’occasion d’explorer des approches qui permettraient de s’appuyer sur les résultats de la recherche en vue d’élaborer des programmes et des politiques en lien avec la SP – approches venant s’ajouter au large éventail de connaissances et d’outils grâce auquel la collectivité de la SP peut se mobiliser en vue d’une sensibilisation accrue à la réalité que vivent les personnes atteintes de SP et de la réalisation de changements notables qui contribueront à l’amélioration de la qualité de vie de ces gens. Les coprésidents scientifiques du Congrès stopSP, soit M. V. Wee Yong, Ph. D., de l’Université de Calgary, la Dre Catherine Larochelle, de l’Université de Montréal et du CHUM, et Mme Charity Evans, Ph. D., de l’Université de la Saskatchewan, ont joué un rôle de premier plan dans l’élaboration du programme scientifique proposé dans le cadre de ce congrès.
Parmi les cinq Congrès stopSP tenus jusqu’à présent, celui de cette année a été le plus couru, réunissant plus de 300 chercheurs. Près de la moitié d’entre eux étaient des stagiaires, à savoir des représentants de la prochaine génération de spécialistes et de chefs de file de la recherche sur la SP. Pour connaître le point de vue d’une stagiaire ayant participé à cet événement, ne manquez pas de lire le témoignage d’Hélène Jamann.
Les organisateurs du congrès ont eu l’immense plaisir de pouvoir compter sur la présence d’Aaron Solowoniuk, premier batteur du groupe Billy Talent, qui a témoigné sur son parcours de vie avec la SP ainsi que sur le travail qu’il accomplit pour inspirer et soutenir les personnes qui vivent avec la SP.
Les organisateurs ont également été heureux d’accueillir comme conférencier scientifique principal le Dr Alan Thompson, du University College London, dont le discours a porté sur les défis actuels au chapitre de la recherche en SP et de la prise en charge de cette maladie. Lors de son intervention, le Dr Thompson a rapporté que l’incidence de la SP s’est accrue au fil du temps tout en précisant que, bien que les raisons de cette augmentation n’aient pas été clairement établies, celle-ci pourrait être due à la hausse du tabagisme, à l’obésité croissante ainsi qu’au recul de la natalité. Au Danemark, au cours des 60 dernières années, le nombre de femmes ayant reçu un diagnostic de SP a presque doublé, tandis que le taux de SP parmi les hommes a augmenté de 24 %. Un accroissement de l’incidence de la SP parmi les personnes de plus de 50 ans a également été constaté dans ce pays. Nous commençons à en savoir plus sur certaines des causes de la SP grâce à des études ayant permis de cerner différents gènes qui pourraient contribuer à la vulnérabilité à la SP et qui, pour beaucoup d’entre eux, ont un lien avec le système immunitaire.
Le Dr Thompson a souligné que la SP progressive constitue l’un des principaux défis à relever dans le domaine de la recherche axée sur la sclérose en plaques et que nous devons comprendre les mécanismes qui sous-tendent l’apparition et la progression de cette maladie. Il a notamment constaté la nécessité de recourir à la médecine personnalisée, qui consiste à mettre à profit l’information relative au patient et les données cliniques disponibles ainsi que les connaissances dont on dispose au chapitre des gènes et des autres marqueurs de la maladie afin de mieux prédire l’évolution de celle-ci et de prendre les meilleures décisions possible quant au traitement à privilégier. De plus, il importe de mener des études qui permettront de déterminer les types de marqueurs à prendre en considération et la façon dont ceux-ci pourront aider les chercheurs et les cliniciens à prédire le cours que suivra la SP et contribuer ainsi à l’amélioration du traitement et des soins. Par ailleurs, l’intelligence artificielle est mise à contribution par certains chercheurs ayant pour objectif d’élaborer des modèles de prévision de la maladie. D’autres chercheurs mènent des travaux sur de nouveaux traitements modificateurs de l’évolution de la SP destinés à prévenir la détérioration des tissus au sein du système nerveux central ainsi que sur d’autres approches thérapeutiques visant à favoriser la rémission (p. ex. des traitements facilitant la remyélinisation).
Le Dr Thompson est le président du comité scientifique directeur de l’Alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive (l’Alliance), laquelle regroupe à l’échelle mondiale divers organismes de la SP, des chercheurs, des cliniciens ainsi que des personnes atteintes de SP qui unissent leurs efforts en vue d’accélérer la mise au point de traitements modificateurs de l’évolution de la maladie et de méthodes de prise en charge des symptômes efficaces dans le contexte des formes progressives de la SP. L’Alliance finance de nouvelles études sur la SP progressive et contribue à l’élaboration d’outils novateurs destinés à des essais cliniques consistant à évaluer des médicaments potentiels.
Durant deux jours et demi, les participants au Congrès stopSP ont eu accès à un contenu très riche grâce à des conférences scientifiques et à des séances de discussion axées sur les quatre objectifs de la Société canadienne de la SP en lien avec son plan stratégique « Découvrir. Innover. Agir. ». À partir d’un autre article, il est possible d’accéder aux enregistrements vidéo des présentations faites par les nombreux conférenciers présents au congrès. Voici un bref compte rendu de certaines des présentations clés proposées par les conférenciers en lien avec ces quatre thèmes.
Amélioration des traitements et des soins
- Selon elle, une personne atteinte de SP peut apporter à son mode de vie des changements qui, comme le démontrent des résultats de recherche récents, auront un impact positif sur son état de santé. Elle recommande aux personnes qui vivent avec la SP de cesser de fumer, de corriger leur éventuel déficit en vitamine D, de veiller à leur « réserve cognitive » (reposant notamment sur la stimulation intellectuelle et l’acquisition de connaissances) et de chercher à maintenir un poids corporel optimal afin d’améliorer leur santé. Ces modifications au mode de vie peuvent s’avérer bénéfiques pour les personnes atteintes de SP et être considérées comme une forme complémentaire de traitement modificateur de l’évolution de la maladie.
- , Ph. D., de l’Université Memorial de Terre-Neuve, a fait part des enseignements qu’elle a tirés de ses travaux en matière de réadaptation suivant un AVC et qui pourraient servir à la mise au point d’interventions visant à favoriser la plasticité du cerveau et à rétablir les capacités fonctionnelles dans le contexte de la SP. Des travaux de recherche faisant appel à divers modèles animaux de SP ont permis d’établir que l’exercice peut réduire la gravité des déficits moteurs et favoriser la remyélinisation des cellules nerveuses endommagées. Mme Ploughman s’emploie à concevoir, à l’intention des personnes atteintes de SP, des techniques visant à accroître l’intensité de l’activité physique afin de promouvoir la neuroplasticité et de rétablir les capacités fonctionnelles. Elle constate que les personnes qui vivent avec la SP ne sont généralement pas en bonne forme physique. Dans le cadre de ses travaux, elle se penche sur les façons de promouvoir la pratique de l’exercice aérobique parmi les personnes aux prises avec la SP ainsi que sur les avantages que procure le fait de s’entraîner dans une pièce fraîche afin d’atténuer la fatigue. Elle préconise le recours à un entraînement intensif et la pratique d’exercices personnalisés, et fait appel à du matériel spécialisé destiné à prévenir les chutes durant les séances d’exercice.
Prévention de la SP
- , Ph. D., de l’Université de la Colombie-Britannique, étudie les prodromes de la SP, à savoir les signes et les symptômes avant-coureurs qui sont observés avant qu’un diagnostic de SP ne soit établi. En vue de déterminer s’il existe une phase prodromique dans le contexte de la SP, cette chercheuse et son équipe se penchent sur les symptômes avant-coureurs constatés au cours des cinq à dix années qui précèdent le diagnostic en se basant pour cela sur les données cliniques disponibles et le taux d’utilisation des services de santé. Chez les personnes atteintes de SP, on constate un recours accru aux services de soins de santé au cours des cinq années précédant le premier épisode de démyélinisation ou l’apparition du premier symptôme de SP. Durant une période pouvant aller de cinq à dix ans avant le diagnostic, ces personnes rapportent qu’elles éprouvent des troubles du sommeil, une douleur accrue, un syndrome du côlon irritable, ou des maux de tête tels que des migraines. On constate aussi qu’elles sont amenées plus souvent qu’auparavant à consulter un psychiatre, un urologue ou un dermatologue. Évidemment, bon nombre des symptômes dont il est ici question sont courants et ne laissent pas forcément présager l’apparition de la SP. Une meilleure compréhension de la phase prodromique de la sclérose en plaques – et des symptômes avant-coureurs qui la caractérisent – pourrait faire de ce stade de la SP une période propice pour le diagnostic et la prise en charge de cette maladie.
Renforcement du bien-être
- La comorbidité peut retarder la pose du diagnostic de SP, entraîner un degré d’incapacité accru au moment du diagnostic et contribuer à une augmentation du taux de poussées, à une accélération de la progression de l’incapacité ainsi qu’à une baisse de la qualité de vie. Une meilleure prise en charge de la comorbidité pourrait permettre d’atténuer les effets négatifs de celle-ci sur l’évolution de la SP.
- Ph. D., de l’Université Queen, s’est penchée sur les travaux de recherche consacrés aux aidants des personnes atteintes de SP en que ce qui concerne les défis, les répercussions et la valorisation de la relation d’aide. D’autres études sont nécessaires dans ce domaine de sorte que nous puissions mieux comprendre le rôle joué par ces aidants et les expériences – tant positives que négatives – vécues par ces personnes au fil du temps, d’un bout à l’autre du pays. Il conviendrait d’intensifier la recherche consistant à cerner les résultats qui importent le plus aux aidants et à leur famille et à déterminer les interventions à mettre au point – y compris au chapitre de l’information et de la sensibilisation – afin d’aider ces personnes à obtenir ces résultats.
Compréhension et enrayement de la progression de la SP
- l’étude de cohorte prospective canadienne relative à la progression de la sclérose en plaques (CanProCo), menée par des chercheurs qui, durant cinq ans, tenteront de comprendre l’ensemble des facteurs associés à la progression clinique de la SP. Première entreprise du genre consistant à explorer les fondements de la progression de la SP, cette étude comptera 1 000 participants à l’échelle du Canada (pour en savoir plus à ce propos, veuillez cliquer ici). À l’heure actuelle, les chercheurs ont recruté 40 % des personnes qui seront suivies dans le cadre de cette étude (soit 399 participants).
- Le Dr Stys a fait part des résultats de ses observations, lesquels suggèrent l’existence d’un processus pathologique subtil, mais disséminé, qui touche certains lipides et se manifeste au premier stade d’un modèle animal de SP. Ce processus pourrait être à l’origine des manifestations diffuses de la SP telles que la fatigue, le déclin cognitif, la dépression, les signes avant-coureurs de la maladie et la progression « silencieuse » de celle-ci. D’autres travaux de recherche devront toutefois être menés sur le sujet.
Les résumés présentés ci-dessus ne donnent qu’un aperçu des travaux de recherche qui ont fait l’objet de présentations lors du Congrès stopSP (voir programme complet de l’événement pour accéder à la liste de tous les conférenciers). Si vous souhaitez en savoir plus, rendez-vous sur la page Facebook de la Société canadienne de la SP pour visionner les vidéos des présentations faites par les conférenciers présents au Congrès stopSP.